C’est Noël! Une grande fête, une fête éclatante, toute en lumière! La joie jaillit dans l’arc-en-ciel des couleurs et des musiques. La fantaisie s’en donne à coeur joie! Que d’ingéniosité dans les décorations, à toutes les époques et dans toutes les régions du monde! Combien de musiciens ont laissé leur muse les inspirer sur le thème de cette fête. Des peintres et des sculpteurs ont créé des oeuvres remarquables sur le sujet. Presque toute la planète est touchée par la fête d’une manière ou d’une autre. La fête est chrétienne, mais bien d’autres traditions – religieuses ou non – s’y associent. Tout le monde profite de l’événement pour s’amuser ou faire une pause dans le quotidien.
La naissance de Jésus de Nazareth est à l’origine de Noël. Pour les chrétiens, c’est une bonne nouvelle qu’ils veulent partager ou, du moins, faire connaître. À l’événement fondateur d’autres significations se sont greffées à travers les siècles. Beaucoup d’entre elles nous accompagnent jour après jour. D’autres ne s’éveillent qu’en cette période; elles dorment le reste de l’année. L’importance de chacune de ces significations ne se concrétise pas de la même manière pour toutes les personnes. Chaque personne a son échelle de valeurs et l’établit à partir de ses rêves ou de ses souffrances.
Noël est la nuit de la paix, la paix qui nous habite ou celle que nous recherchons. Qui ne pense pas, ce jour-là, aux drames qui blessent tant de peuples en conflit? Une sorte de grande solidarité s’exprime ainsi à travers la fête. La fête n’est-elle pas le lieu par excellence des rendez-vous, le carrefour des rencontres? Au-delà des frontières, malgré les distances, des hommes et des femmes se rejoignent et communient à leurs douleurs réciproques comme à leurs bonheurs. La fraternité est rêvée. Ceux qui la croient possible embrassent ceux qui ne l’attendent plus. Certains font la trêve: ils reprendront plus tard les affrontements idéologiques. D’autres, par contre, en profitent pour palabrer sur le sujet, parfois jusqu’à s’engueuler: la paix peut aussi provoquer la guerre!
Noël rassemble la famille. Nous nous faisons nomades pendant quelques jours. Nous nous transportons d’une parenté à l’autre. Nous nous recevons. Repas de famille, échanges de cadeaux, conversations simples ou compliquées, sentiments vivement exprimés ou tout en allusions furtives: tout y passe dans ces rencontres familiales.
La fête, toutes les fêtes dévoilent des contrastes. Elles jouent dans le paradoxe. Nous célébrons la paix et nous pensons à la guerre. Noël, fête de la famille, révèle non seulement les bonheurs familiaux, mais aussi le drame des échecs matrimoniaux, les situations conflictuelles qui perdurent entre certains membres d’une famille. Combien d’enfants déballent leurs cadeaux avec un gros chagrin au coeur: papa ou maman n’est pas là! Que d’hommes, que de femmes sentent un pincement au coeur: leur vie a connu un raté de parcours. La blessure s’ouvre à nouveau en ce temps de Noël où le bonheur des autres peut devenir agaçant.
Pouvons-nous fêter autrement? Est-il possible de fêter sans que toute la vie, toutes nos vies se recueillent dans un immense bouquet de fleurs variées? Est-il possible de fêter sans que la fête récapitule le temps, qu’elle rapproche tout ce qui constitue nos existences? Est-il possible de fêter sans que les contraires se retrouvent sous le même toit et se bousculent mutuellement? La fête, malgré qu’elle nous entraîne hors du quotidien, n’oublie pas ce qui en constitue la réalité, les moments pénibles comme les jours heureux. La lumière crée aussi de l’ombre!
Souhaitons que les joies transfigurent les peines. Souhaitons que la distance que nous prenons pour la fête nous aide à mieux nous percevoir, à mieux embrasser l’ensemble de notre vie. Souhaitons que la fête nous fasse découvrir des dimensions cachées, celles qui pourraient nous réconcilier avec nous-mêmes et ce qui nous arrive.
Beau et bon temps de Noël.