Au désert des commencements
Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer la route. A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.
Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
Commentaire :
Une Bonne Nouvelle commence. C’est là un événement rare et important. Quelque chose va se passer qui est bon, qui est nouveau. Ou plutôt quelqu’un va venir, qui est bon, qui est nouveau. Car cette Bonne Nouvelle porte un nom précis, celui d’une personne, Jésus. Et ce nom est qualifié par des titres impressionnants : Christ, Fils de Dieu.
Ce qui vient immédiatement après ce début de la Bonne Nouvelle selon Marc, c’est une citation des Écritures, d’un texte ancien provenant de la grande tradition prophétique d’Isaïe. Cela nous dit déjà que cette Nouvelle a des racines profondes, qu’elle vient toucher des attentes, qu’elle vient répondre à des espérances.
Mais après la citation, Marc ne présente pas l’Attendu mais une autre figure prophétique, celle de Jean le Baptiste, qui a du travail à faire. Car pour que cette Bonne Nouvelle, ce Jésus, soit reçu, une préparation est nécessaire, un travail sur les cœurs qui met en jeu la conversion et le pardon.
Ce Jean Baptiste est un proclamateur. C’est un homme de parole, un homme de Parole, à la voix forte et claire. Il ne parle pas de lui-même, il est décentré. Il vient annoncer la venue d’un Autre. Le baptême ne sera plus seulement d’eau mais d’Esprit. Le Nouveau qui va arriver bientôt est porteur d’un Souffle. Il vient transformer, renouveler, donner élan et espérance.
En quel lieu ce commencement advient-il? Sur une montagne sainte, ou au temple de Jérusalem? Dans une grande maison ou sur la place publique? Non, cela se passe au désert. Tout commence au désert, lieu biblique des naissances et des renaissances. Lieu des passages et des exodes, haut lieu des transformations profondes et des combats intimes. L’Esprit souffle au désert. Les paysages sont transformés et une route apparaît, là ou aucun repère n’était perceptible.
Le désert n’est pas vide. Une voix y crie, un prophète proclame. Des gens de la ville viennent au désert. Ils cherchent quelque chose, ou quelqu’un. Ils ont des attentes, ils portent des espérances. Ils sont conscients de leurs misères et de leurs blessures. Ils ont besoin de guérison, de réconciliation en eux-mêmes. Ils expriment leur quête dans un geste concret, ils sont plongés dans les eaux du Jourdain. Leur corps peut sentir cette eau qui vivifie. Mais Jean leur annonce que tout cela n’est que le début d’un autre commencement encore plus puissant, qui s’en vient, qui est proche.
En quel désert pourrions-nous nous rendre pour participer à un commencement, pour nous préparer à recevoir une Bonne Nouvelle, à accueillir un visiteur qui est porteur d’un Souffle? Un désert où des voix peuvent être entendues, où des gestes peuvent être posés, qui touchent notre quête d’un nouvel élan, d’un goût de vivre renouvelé. Ce désert aujourd’hui peut prendre diverses formes : un lieu retiré où il devient possible d’entendre ses voix intérieures et d’écouter celle des autres, une église et son assemblée qui invitent au recueillement et à la conversion, un groupe où l’on partage ses passages et où une route de vie est construite, un site internet qui ouvre des horizons et qui met en contact avec d’autres chercheurs de sens, …. Ou une musique, une œuvre d’art, qui nous amène ailleurs, plus loin en dedans de nous, dans l’attention et l’attente.
Le désert, finalement, n’est pas si loin et inaccessible. Ce désert des naissances et des renaissances, des commencements et des recommencements. Ce qui est sûr, par-delà nos réserves et nos questionnements, c’est qu’il s’agit, en ce désert, d’attendre et de rencontrer quelqu’un. Non pas une idée, une belle théorie qui mettrait de l’ordre dans notre confusion, ou un plan de travail sur soi avec des techniques dites efficaces, mais quelqu’un. Quelqu’un porteur de l’Esprit, d’un Souffle. Cela est merveilleusement dangereux. Comme une Bonne Nouvelle qui commence.