« Quel drôle d’idée ! me lance Sonya, en apprenant la béatification de couples par le Vatican. Mon mari, moi, me ferait plutôt damner ! Il a le don de me faire exploser ! » Mon amie trouve déjà extraordinaire qu’une personne parvienne à la sainteté, alors, la probabilité que deux personnes unies y arrivent lui paraît relever de la science fiction : « Ou alors ce sont des gens totalement éthérés… »
L’Eglise catholique a béatifié le couple italien Beltrame Quattrocci, en 2001, puis vient, en octobre 2008, d’élever au rang de bienheureux, le couple Martin, les parents de la petite Thérèse. Le couple peut-il prétendre à la sainteté ensemble ? Le Vatican donne une réponse affirmative sans équivoque à cette question. Depuis toujours, la sanctification était surtout le fait de gens consacrés à Dieu à l’intérieur de leur vie religieuse. L’Eglise veut maintenant offrir des modèles de sainteté par le mariage. Une reconnaissance que la vie conjugale mène aussi à Dieu.
Le défi de la vie à deux est si grand, qu’en sortir plus aimant, plus unis, au bout de ses jours au côté de sa tendre moitié, demande beaucoup de cheminement intérieur. Et qu’est-ce que la sainteté si ce n’est un chemin intérieur édifiant ?
Tout est en place dans la vie conjugale pour nous mener à la sainteté plutôt qu’à la damnation, dans la mesure où nous quittons nos paresses et nos égoïsmes. Car cela demande un grand effort de part et d’autre. Vivre le quotidien d’aussi près avec un être si différent de nous sollicite beaucoup d’énergie.. Il nous faut accepter les limites de chacun. Les miennes comme les siennes. Cela prend des gens, loin d’être éthérés, mais plutôt bien incarnés, capables de vivre avec la vie imparfaite sur terre.
Les occasions de cultiver une vie sainte ne manquent pas dans la vie à deux. Il suffit de penser à toutes ces situations où nous pourrions éviter de nous emporter quand l’attitude de l’autre nous met hors de nous-mêmes. La sainteté est affaire de quotidien et Thérèse de Lisieux nous dit bien qu’elle se pratique dans les petits riens, telle la fameuse petite épingle ramassée avec amour. L’amour est la voie qui mène au paradis, et il devrait être le fruit du couple. Or, aimer, aimer vraiment ne va pas de soi. Aimer l’autre en le faisant passer devant soi dans la confiance que l’autre fera de même voilà ce que devrait être un amour conjugal édifiant. Un amour dépouillé de ses égoïsmes. Cet amour si grand qu’il ne peut se limiter aux deux époux, mais donne fruit en s’ouvrant aux autres. Ainsi naît naturellement la famille.
Le mariage n’est pas le chemin le plus facile pour être sanctifier. Les occasions de chute sont nombreuses. Mais gardons à l’esprit que le saint n’est pas celui qui ne tombe jamais, mais celui qui se relève. Et, aujourd’hui, changeons notre regard et bénissons notre époux qui nous donne tant d’occasion de pratiquer la sainteté !