Je viens de lire « Dominique », une BD écrite par un médecin, le docteur Hugues Bourgeois, oncologue français. Il y décrit le parcours d’une femme – Dominique – opérée d’un cancer du colon à 45 ans et qui s’éteint quelques dix ans plus dans une clinique de soins palliatifs. Entre-temps, cette femme mariée, mère de deux enfants, aura traversé les étapes classiques de ce genre d’épreuve : chimios répétées, périodes de rémission suivies de métastases et finalement…sédation. Sans ne rien dire des alternances de son moral passant de l’angoisse de mourir à l’euphorie d’une guérison espérée. Parvenue au terme de son combat et de sa résistance, Dominique s’abandon et perd conscience. L’auteur médecin écrit une fiction bien entendu, mais qui ne s’écarte pas de son expérience quotidienne. Il insiste sur l’accompagnement de la malade qui implique la collaboration de ses proches, mais aussi de psychologues patentés qui prendront encore en charge les survivants.
J’ai deux questions à poser. La première à l’auteur. Pour quel public a-t-il écrit sa BD ? Certainement pas pour les malades anxieux, dévorés par la curiosité de connaître leur état. Alors, pour les bien portants, eux aussi aux aguets de ce genre de fléau qui pourrait les atteindre un jour ? Je pense que c’est le cas. L’information est sobre tout en étant sérieuse, soulignant au passage l’extrême variété des réactions à ce genre de maladie. Le cas de Dominique n’est qu’un exemple, mais pas un modèle unique.
Ma seconde question est pour l’éditeur. La BD paraît au Cerf, une maison d’édition dominicaine. Comment se fait-il que dans le processus d’accompagnement de Dominique, il ne soit jamais fait question de soutien spirituel, sous quelque forme que ce soit ? En ce sens, la BD est très révélatrice d’une « mentalité » qui ne croit plus à une destinée supraterrestre de l’être humain et abandonne aux psy le ministère de l’espérance et de la consolation. Je ne suis pas autrement surpris que cet état d’esprit gagne les chrétiens et même leurs guides, quoi qu’ils disent. A Marthe qui souffrait de la mort de son frère, Jésus parle de résurrection. Et d’ajouter :« Crois-tu cela ? ». « Credis hoc ? », comme je le chantais autrefois aux messes des défunts. L’Esprit devrait nous donner la force et l’audace de faire ce pas et d’agir en conséquence.
Fr.Guy Musy OP