Le travail tient beaucoup de place dans la société et la vie de chaque individu. Implacablement! Les heures ouvrables ont diminué au cours des siècles. Mais le travail reste la préoccupation première pour la majeure partie des habitants de la planète. En dansant autour du soleil, une gigantesque fourmilière s’affaire à transformer la surface du globe, à mettre en mouvement plus ou moins ordonné la vie en société.
Pourquoi travaillons-nous? À cette question beaucoup vont répondre: parce que nous avons besoin de gagner notre vie. Gagner sa vie, apporter à la maison de quoi remplir la gamelle, ce qu’il faut pour dormir au chaud en hiver, ce quelque chose qui permet de profiter pleinement des loisirs ou des vacances, ou tout simplement de quoi augmenter son compte de banque et pouvoir dire un jour: «Je suis riche!»
J’ai rêvé – et je rêve encore – à d’autres raisons qui peuvent nous motiver au travail, et même au travail intense. Je rêve à des ouvriers qui aient hâte de rentrer à l’usine le matin parce que le soleil traverse constamment les ateliers, le gros soleil du cosmos ou les milliers de petits soleils des enthousiasmes. Je rêve de voir des jeunes se rendre au travail, avec la conviction qu’ils rendent service à leurs compatriotes. Je rêve d’observer des manuels heureux de transformer la matière, de prolonger le travail créateur de la nature. Je rêve que l’on puisse offrir partout un environnement qui protège la santé physique et psychologique sur les chantiers de travail. Je rêve de rencontrer des infirmières ou des professeurs dont la tâche quotidienne leur permet de prendre du temps pour écouter leurs malades ou leurs élèves. Je rêve du jour où il sera tout à fait normal que tous les patrons soient préoccupés principalement du bonheur de leurs employés même si la croissance de leur capital financier en souffre.
Je rêve, et je ne veux pas cesser de rêver. Tant et aussi longtemps que nous ne nous offrirons pas les meilleures conditions de travail pour notre épanouissement personnel. Tant et aussi longtemps que les vraies raisons de travailler ne seront pas les raisons les plus importantes. Car le travail a, pour but premier, l’évolution de la planète, le bien-être de ses habitants, leur bonheur.
Je rêve et je veux continuer de rêver, et rêver avec d’autres. Je souhaite une grande concertation entre les rêveurs. Une sorte de mobilisation qui nous force à prendre nos rêves au sérieux.
Une convocation à laisser l’imagination inventer de bonnes conditions de travail, ce devrait être possible, il me semble. Les grandes réalisations dans l’histoire ont chacun un rêve au point de départ. Pourquoi n’en serait-il pas ainsi dans nos milieux de travail?
Nos rêves ont peut-être de l’avenir. Des réaménagements sur les lieux de travail ont amélioré le climat, les conditions favorables à la santé des travailleurs, l’esprit d’équipe et le sens des responsabilités. Le progrès technique peut aussi apporter sa contribution à un mieux-être.
Nous consacrons tellement de temps au travail, la majeure partie de nos journées. Il n’est pas normal que le travail ne serve qu’à rendre plus confortables les quelques heures qui restent. Même si ce que nous vivons en dehors du travail nous est particulièrement précieux. Notre milieu de travail et les conditions dans lesquelles nous travaillons doivent aussi contribuer à notre bonheur.