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Esprit Saint et charismes

Imprimer Par Irénée de Lyon

Quelques textes sur l’Esprit Saint de Saint Irénée de Lyon (ca 135-202) alors que nous vivons le Temps pascal (du jour de Pâques le 23 mars jusqu’à la Pentecôte, le 11 mai).

Irénée qui connut jeune Polycarpe, évêque de Smyrne, lui-même disciple de l’apôtre Jean, s’expatria en Gaule et succéda à Pothin, premier évêque de Lyon. Il est connu surtout grâce à son œuvre-maîtresse Adversus Haereses attaquant les hérésies gnostiques de l’époque et exposant clairement la foi chrétienne. Il faut aussi digne de son nom de « pacificateur », puisqu’il contribua à l’entente fraternelle entre l’évêque de Rome Victor et les évêques asiates au sujet de la date de Pâques. Il mourut martyr vers 202 sous l’empereur Septime Sévère. Irénée de Lyon est considéré comme étant le premier théologien de l’Église.

Esprit Saint et charismes

… tout ce qui le concerne (le Seigneur Jésus) a été à la fois annoncé par avance et réalisé de façon indubitable et que lui seul est le Fils de Dieu. C’est pourquoi aussi, en son nom, ses authentiques disciples, après avoir reçu de lui la grâce, œuvrent pour le profit des autres hommes, selon le don que chacun a reçu de lui. Les uns chassent les démons en toute certitude et vérité, si bien que, souvent, ceux-là mêmes qui ont été ainsi purifiés des esprits mauvais embrassent la foi et entrent dans l’Église; d’autres ont une connaissance anticipée de l’avenir, des visions, des paroles prophétiques; d’autres encore imposent les mains aux malades et leur rendent ainsi la santé; et même, comme nous l’avons dit, des morts ont été ressuscités et sont demeurés avec nous un bon nombre d’années. Et quoi donc? Il n’est pas possible de dire le nombre de charismes que, à travers le monde entier, l’Église a reçus de Dieu et que, au nom de Jésus-Christ qui fut crucifié sous Ponce Pilate, elle met en œuvre chaque jour pour le profit des gentils, ne trompant personne et ne réclamant aucun argent : car, comme elle a reçu gratuitement de Dieu, elle distribue aussi gratuitement. (SC 294/ II, 32, 4/ p. 341-343)

Esprit, eau vive et baptême

Car, comme de farine sèche on ne peut, sans eau, faire une seule pâte et un seul pain, ainsi nous, qui étions une multitude, nous ne pouvions non plus devenir un dans le Christ Jésus sans l’Eau venue du ciel. Et comme la terre aride, si elle ne reçoit de l’eau, ne fructifie point, ainsi nous-mêmes, qui n’étions d’abord que du bois sec, nous n’aurions jamais porté du fruit de vie sans la Pluie généreuse venue d’en haut. Car nos corps, par le bain du baptême, ont reçu l’union à l’incorruptibilité, tandis que nos âmes l’ont reçue par l’Esprit. C’est pourquoi l’un et l’autre sont nécessaires, puisque l’un et l’autre contribuent à donner la vie de Dieu. Ainsi notre Seigneur a-t-il pris en pitié cette Samaritaine infidèle, qui n’était pas demeurée dans l’appartenance d’un seul mari, mais avait forniqué dans de multiples noces : il lui a montré, il lui a promis une Eau vive, afin qu’elle n’ait plus soif désormais et ne soit plus astreinte à s’humecter d’une eau péniblement acquise, puisqu’elle aurait en elle un Breuvage jaillissant pour la vie éternelle, ce Breuvage même que le Seigneur a reçu en don du Père et qu’il a donné, à son tour, à ceux qui participent de lui, en envoyant l’Esprit Saint sur toute la terre. (III, 17, 2 / p. 333-335)

Accoutumer l’homme à « porter son Esprit »— Les « eaux de l’Esprit de Dieu »

Ainsi Dieu, dès le commencement, a modelé l’homme en vue de ses dons; il a choisi les patriarches en vue de leur salut; il formait d’avance le peuple, apprendre aux ignorants à suivre Dieu; il préparait les prophètes, pour habituer l’homme, sur la terre, à porter son Esprit et à posséder la communion avec Dieu. Lui qui n’a besoin de rien, il accordait sa communion à ceux qui avaient besoin de lui : pour ceux qui lui étaient agréables, tel un architecte il dessinait l’édifice du salut; à ceux qui ne voyaient pas, en Égypte, il servait lui-même de guide; aux turbulents, dans le désert, il donnait la Loi pleinement adaptée; à ceux qui entraient dans la bonne terre, il procurait l’héritage approprié; enfin, pour ceux qui revenaient vers le Père, il immolait le veau gras, et il leur faisait présent de la meilleure robe. Ainsi, de multiples manières, disposait-il le genre humain en vue de la « symphonie » du salut. C’est pourquoi Jean dit dans l’Apocalypse : « Et sa voix était comme la voix des multiples eaux. » Car elles sont vraiment multiples, les eaux de l’Esprit de Dieu, parce que riche et multiple est le Père et puisque à travers elles toutes, le Verbe accordait libéralement son assistance à ceux qui lui étaient, prescrivant à toute créature la loi adaptée et appropriée. (IV, 14, 2 / p. 545-547)

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