Le billet hebdomadaire porte souvent sur un événement de l’actualité. Ces jours-ci, il y a un incontournable: le climat québécois. Au Québec, la conversation porte principalement sur la météo. Plus précisément, nous palabrons sur la neige qui envahit le paysage et recouvre tout ce qui nous entoure. Les politiciens ont beau nous suggérer d’autres sujets de conversation, nous ne démordons pas. La saison est avancée, nous pourrions rêver au printemps, mais nos échanges se concentrent plutôt sur la neige, sa beauté, mais surtout ses amoncellements!
Faut-il alors nous gronder parce que nous limiterions nos champs d’intérêt? Manquons-nous d’imagination? Le poids de la saison nous écraserait-il au point que nous ne soyons pas capables de prendre de l’altitude?
Peut-être. Cependant, le phénomène a du bon. Il nous rappelle que nous appartenons à la terre. La nature, les vents, les pluies, les neiges, le froid et la chaleur, les jours, les nuits et nous-mêmes, nous sommes des apparentés. Une alliance nous relie à la vie à la mort.
Nous avons beau occuper le sommet dans la hiérarchie des créatures, nous appartenons à la nature et sommes soumis à ses lois. Il y a quelques semaines, la liturgie du carême nous le rappelait: «Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière»! Ce jour-là, nous étions ramenés à l’humilité. Mais la formule veut aussi évoquer que nous sommes pétris de cette poussière, qu’elle mérite respect comme nous nous respectons nous-mêmes. François d’Assise n’avait pas tort de chanter la beauté de sa soeur la terre et de son frère le vent!
Nous sommes terrestres. L’antique récit de la Genèse le chante «Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant.» (Genèse 2, 7) Un être vivant dans une nature qui bouge, qui fait son chemin avec ou malgré nous.
L’environnement nous préoccupe beaucoup. Avec raison. L’avenir de la terre n’est pas garanti. Il dépend en grande partie de nous, de notre attention, du respect que nous accordons aux lois de la nature. Nous pouvons bien nous préoccuper d’assurer une planète confortable pour nous-mêmes et nos successeurs. Nous pouvons aussi nous préoccuper d’environnement par respect pour cette terre, pour elle-même. Ça revient au même, pense-t-on. Bien sûr, mais il y a une nuance. Nous devons à la terre la grâce de vivre et de grandir. La terre nous sert fidèlement. Quand elle nous bouscule, c’est souvent nous qui la provoquons. C’est en toute gratuité qu’elle nous offre ses richesses.
Mes saluts sincères à ma soeur la neige, belle dans toute sa blancheur, coquine quand elle se marie avec le vent. Tu prends beaucoup de place, un peu trop. Tu dures longtemps, un peu trop. Mais nous cohabitons et nous pouvons faire bon ménage quelques mois par année. Ne serait-ce que pour nous fournir un sujet de conversation!!