Depuis l’Antiquité, de grands philosophes se sont exprimés au sujet de l’amour: de Platon à Jean-Paul Sartre en passant par Montaigne, Jean-Jacques Rousseau, Arthur Schopenhauer. Pourtant, l’amour a longtemps été mis à l’écart de la pensée philosophique traditionnelle. Ce qui ne l’empêche pas de faire une percée centrale dans la pensée des philosophes d’aujourd’hui. De nombreuses œuvres s’articulent autour de ce thème dans les champs sociologiques. On s’intéresse à la relation entre les êtres. Signe des temps ? La sphère privée intéresse les chercheurs. Elle s’inscrit dans la mouvance actuelle de l’art de vivre. On s’interroge sur le bonheur, ce qui rend heureux. Ainsi les thématiques classiques sur le bonheur et la sagesse de l’Antiquité reviennent sur le devant de la scène avec l’amour en bagage accompagné.
Cette recherche du bonheur conduit l’individu moderne à constater que l’amour est un incontournable. Et paradoxalement, dans cette société décrite comme si individualiste l’autre devient la passerelle sans quoi on ne peut être heureux. L’autre est-il un objet de bonheur, une thérapie « feel-good » ? Si l’autre est d’abord l’objet de mon bonheur, en aimant, il en devient le sujet.
On peut prendre des Bouddha-bols pour veiller à sa santé et par le fait même entrer dans un bien-être ; on peut s’imprégner de l’art de vie danois en adoptant la mode hygge ; on peut également rechercher les bienfaits de la relaxation avec des pierres chaudes. Tout ceci concourt à une quête de bonheur ancrée sur le sentiment personnel de bien-être. Cependant, quiconque aime, même en poursuivant au départ son propre bonheur, sortira immanquablement de son moi et entrera dans une relation avec l’autre. Les thérapies feel-good apportent un bien-être sans pour autant conduire au bonheur. L’amour, lui, nous met directement sur le chemin du bonheur, le seul chemin possible.
Est-ce que dans ce bonheur d’amour, j’aurai toujours un sentiment de bien-être ? Non, assurément pas ! Car la relation à l’autre, la vraie, l’authentique m’oblige à tenir compte de cet autre. Et l’autre n’étant pas moi, le conflit est assuré à un moment ou un autre. Alors que l’entre soi risque de nous enliser, l’altérité nous enrichit et nous permet de nous dépasser.
L’amour n’est pas une thérapie, ni un élément de confort. Il est une nourriture essentielle à notre vie, à notre bonheur, indispensable. Il est en fait source de toute vie, il est la vie. Et il a pour nom Dieu. Ce Dieu qui prend le visage de l’autre dans notre vie.