« Étant donc réunis, ils l’interrogeaient ainsi : ‘Seigneur, est-ce maintenant, le temps où tu vas restaurer la royauté en Israël?’ Il leur répondit : ‘Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous… A ces mots, sous leurs regards, il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux» (Act 1, 6-9).
Quel moment d’intimité et de gloire à la fois, qu’est ton départ vers le Ciel, vers le Père! Avec tes disciples, la communion devait être à son comble. Toi, leur Maître et ami, Celui qui avait vécu avec eux en partageant tant de joies et de peines, tu devais les quitter; en fait, tu te devais de les quitter, car sans ce départ, nulle Gloire venue du ciel n’aurait été possible. Trop souvent en Église, nous ne voyons ton Ascension que comme un mystère nous disant que tu es monté au ciel, pour nous préparer une place. Comme une préfiguration de ce qui nous attend, ton corps humain atteint les sommets de la rédemption apportée au genre humain, et telle est là une profonde vérité en ce mystère; mais, il y a plus, et bien plus : sans ton Ascension vers le Père, il n’y aurait tout simplement pas eu de venue de l’Esprit.
Tu pars, et tous sont tristes et vivent le sentiment de te voir comme les laisser seuls; et pourtant, loin de les abandonner, tu leur as promis le Paraclet, une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Mais, voilà toute la question et l’énigme du mystère, comment aurait pu descendre l’Esprit sans ta rencontre avec le Père. Tu te devais de les quitter et de monter au Ciel, c’était même là la sainte volonté du Père, comme un commandement de la Trinité elle-même.
Souvent en catéchèse aux enfants, et même aux adultes, on demande : mais qu’est-ce qui s’est bien passé au ciel lorsque Jésus est rentré à la maison. Est-ce que le Père l’a fait attendre; est-ce que Jésus est allé se reposer avant de le rencontrer parce qu’il était fatigué; est-ce que… ? Et puis, après un peu d’attente et de recherches on finit par avoir une réponse convenable : Non! ils se sont embrassés! Mais quel embrassement, quel « embraisement », quel feu de gloire a-t-il dû jaillir de ce face-à-face, de ce cœur-à-cœur! Le Père et le Fils se devaient, d’une intimité trinitaire, de se retrouver dans les bras l’un de l’autre afin que la Gloire du ciel puisse jaillir. Une Gloire si débordante, si lumineuse et si féconde qu’Elle allait combler l’enceinte de la tendresse trinitaire d’un désir de fécondité autre, et Elle allait même porter un nom, celui d’Esprit Saint! Comment Jésus aurait-il pu alors faire autrement, il se devait de partir. C’était là, une exigence de l’Amour même, afin de mettre le feu sur la terre par la vie de l’Esprit. Le Père et Lui se devaient de se retrouver dans l’intimité, dans la communion la plus harmonieuse qui soit, celle qui allait se communiquer à la communauté des disciples à la Pentecôte : l’intimité du Maître serait alors retrouvée!
Vierge Marie, toi qui fus présente au départ de Jésus, ne ressentais-tu pas la nécessité de la filiation du Fils à l’intime de ton sein maternel, toi toute relative à la Trinité? Toute la personne du Fils inengendré était tendue vers le Père et ne portait qu’un seul désir, retrouver ses bras afin d’être glorifié de nouveau. Glorification qui n’est nulle autre que la fécondité de l’Esprit, la divinité qui se communique à l’intimité de l’être intérieur. Apprends-nous Marie, toi la Vierge de l’Ascension cette docilité intérieure, celle qui vient de la Trinité même : la filiation glorieuse qui nous appelle tous et qui nous donne soif de la vie de l’Esprit!
Ce n’est pas l’Ascension qui est importante, c’est l’Esprit, la Force.