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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour la fête de la Sainte Trinité

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Dieu d’amour en notre histoire

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3,16-18.
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

COMMENTAIRE

On raconte que S. Augustin, évêque d’Hippone en Afrique du Nord, se promenait un jour en méditant sur le bord d’une plage. Il voit un jeune garçon en train de puiser de l’eau dans la mer avec une petite chaudière pour la jeter dans un trou creusé dans le sable. Étonné l’évêque demande à l’enfant : Que fais-tu là? Et l’enfant de lui répondre : Voilà, je compte bien réussir à transporter toute l’eau de la mer dans ce trou. – Tu perds ton temps, reprit Augustin. Tu n’y arriveras jamais. À ces mots l’enfant se relève et, gravement, il dit à l’éminent théologien : C’est pareil pour toi. Tu cherches à saisir Dieu pour le mettre dans tes mots, dans ta pensée, dans tes livres. Tu n’y arriveras jamais. Il est trop grand pour toi. Il te dépasse infiniment. Et Augustin comprit que l’enfant avait bien raison. Dieu, nous n’arrivons pas à le connaître en profondeur, dans son essence, dans son mystère. Nous n’avons pas l’intelligence qu’il faut. Il y a bien en nous ce désir de Dieu, cette quête d’absolu qui nous tourne obstinément vers lui. Nous le cherchons, il nous faut le trouver. Mais il nous échappe totalement, par nature.

S. Thomas d’Aquin a beaucoup cherché Dieu. C’était la grande question de sa vie : Qui est Dieu? Or après qu’il eut travaillé très fort et produit de gros ouvrages comme la Somme Théologique, vers la fin de sa vie, Thomas disait : Tout ce que j’ai écrit, c’est pour moi de la paille. C’est que sa contemplation, devenue mystique, lui donnait de voir bien plus que tout ce que ses études et ses recherches lui avaient donné. Devant Dieu, nous n’avons pas le choix d’être humbles et modestes.

Pourtant il ne faut pas nous résigner ni nous décourager. Dieu sait nos limites. Il n’a pas voulu nous laisser dériver dans l’ignorance à son sujet. Il a pris l’initiative de nous rejoindre sur notre terrain. Depuis Abraham, qu’il a appelé de Mésopotamie, et qui a répondu dans la foi à son appel, Dieu s’est choisi un peuple, qu’il a, au temps de Moïse et de l’Exode, libéré de l’esclavage. Dieu a formé ce peuple au désert, lui donnant une loi sainte. Il lui a donné des juges, des rois et des prophètes. Il préparait le terrain pour son Fils, qui allait venir. Jésus, fils de la vierge Marie, Jésus de Nazareth, s’est révélé être l’envoyé du Père. Comblé lui-même de l’Esprit Saint, il est passé partout en faisant le bien. Il n’a pas joué au philosophe avec nous. Il n’a pas élaboré un modèle théorique sur Dieu. Le Dieu que Jésus nous a révélé est un Père, un amour de Père. Lui-même étant son Fils, sa Parole engendrée de toute éternité. Les deux, le Père et le Fils, ne font qu’un dans la communion de l’Esprit.

Dimanche prochain, ce sera la fête des Père. Nous n’oublierons pas de fête tout au moins intérieurement, chacun, chacune, notre père. Voilà quelqu’un qui m’a aimé dans son travail, ses attentions, sa générosité, sa tendresse. Ce modèle de relation filiale, il est unique et privilégié pour chacun, chacune de nous. Il est irremplaçable. Il a contribué à nous bâtir. Ce modèle, il est celui que Dieu assume en son être et qu’il réalise à la perfection. Le Père tout entier se retrouve dans le Fils, et le Fils dans le Père, et tous les deux dans l’Esprit.

Dieu, l’être infiniment personnel et transcendant, nous a donc montré son vrai visage en Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous. Un Dieu qui a voulu vivre au milieu de nous, dans un grand geste d’amour et de rapprochement. Il est allé à l’extrême de l’amour, donnant même sa vie. Ce faisant, il communiait parfaitement à notre condition et nous sauvait de notre péché. Relevé d’entre les morts, il nous relève avec lui de la mort, de la peur et du péché. Cette vie de ressuscité il nous la donne en partage. Dans la foi, l’espérance et l’amour, nous en vivons déjà. Ce même amour de Dieu, qu’il vit en lui-même, Père, Fils et Esprit, nous le vivons entre nous, si seulement nous entrons par la foi et l’amour dans cette vie trinitaire, la vie divine répandue en nous par l’Esprit. Rendons grâce pour cette merveille. Amen.

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