Le corps humain constitue une machine fabuleuse. Tout y est orchestré et organisé plus finement que le mécanisme de rouage d’une montre suisse. Prenons le cas des yeux. Placés devant sur le visage, côte à côte, ils permettent une vision en relief, une vision en profondeur. Pourtant, chaque œil voit d’une manière différente de l’autre, le point de vue n’est pas le même, puisque l’angle est très légèrement déplacé. La couleur n’est pas enregistrée tout à fait dans les mêmes teintes. Un œil peut percevoir les couleurs de manière plus clair ou plus sombre. Mais les deux visions combinées assurent une meilleure perception de l’image qui se dresse devant.
On pourrait comparer les yeux au couple humain. Dans le livre de la Genèse, Dieu dit qu’il n’est pas bon que l’homme reste seul. Il lui donne alors pour compagne, une femme, très similaire à lui, mais pourtant différente…Depuis longtemps, mais notamment depuis le mouvement de libération de la femme, on délibère sur l’égalité des sexes. Si aujourd’hui l’égalité n’est plus remise en question, on constate toutefois, que l’homme et la femme sont différents, complémentaires.
Les parents qui connaissent la réalité d’éduquer un garçon et une fille n’ont aucun doute sur les différences bien marquées entre les deux sexes. Dès le plus jeune âge, les filles et les garçons manifesteront des intérêts différents l’un de l’autre. Devant une poussette, en général, la petite fille se dirigera vers le bébé qui y est assis, alors que le petit garçon, sans être insensible au bébé, sera fasciné par le roulement des roues. Bien sûr, il s’agit de généralité, et chaque enfant est unique dans son comportement, mais une certaine tendance se dessine.
Quand j’observe mes enfants, je constate que mes garçons concentrent la relation à l’autre sur le jeu. Jouer est l’enjeu. Mes filles se servent du jeu pour tisser les relations. La relation prime sur le jeu, même si jouer demeure essentiel. C’est déjà une dimension autre qui fait pressentir combien les deux genres se développent autrement.
Le couple constitué d’un homme et d’une femme doit sans cesse s’ajuster à la différence de genre. Parfois, cette façon autre de réagir ou de percevoir est conflictuelle. On n’arrive pas à comprendre comment l’autre pense. Mais plus souvent, ce sera un enrichissement, car on se complète. Quelle chance!
Confrontée seule face à une situation, je m’enferme dans mes émotions et mes perceptions. Je vois souvent partiellement. L’autre vient enrichir ma perception, et parfois même la changer. Comme les yeux, observer une situation de deux points de vue, viendra la mettre en relief et lui apportera de la profondeur. Qu’il est bon de ne pas être seul!