Avec la fête du 2e lundi, le mois d’octobre prend tout entier couleur d’action de grâce. Un passage d’Évangile nous reste en mémoire, qui parle des dix lépreux guéris dont un seul revient vers Jésus pour rendre grâce.
Faut-il nous étonner de celui qui revient ou de ceux qui ne reviennent pas? L’histoire a quelque chose à nous dire. Mais quoi au juste? Qu’il faut être poli? Qu’il faut savoir dire Merci!? Aurions-nous là seulement une leçon d’étiquette, une simple invitation à la gratitude? Et si l’étranger, le samaritain, nous instruisait sur le cheminement qu’il y a à faire pour dire vraiment merci?
Il est curieux de voir comment ce passage d’Évangile parle de chemin à parcourir, de mouvement aller-retour sur la route. Jésus marche vers Jérusalem. Il traverse la Samarie et la Galilée. Il entre dans un village. En prenant la route Jésus s’expose à faire des rencontres. Des lépreux justement, du creux de leur exclusion, viennent vers lui. Ils gardent, bien sûr, leur distance. Ils l’abordent sur le mode de l’intercession : « Jésus, Maître, aie pitié de nous! » Et voilà que le Seigneur les relance sur la route en les envoyant non pas dans leur léproserie (comme pour les y enfermer), mais vers les prêtres (pour les redonner à la liberté d’aller où ils veulent). Or c’est sur cette route qu’ils sont purifiés. Parce qu’ils ont accepté de partir, d’aller vers là où Jésus les envoyait. Leur foi minimale en Jésus de Nazareth les a fait marcher. Une foi suffisante pour les purifier en chemin. C’est alors que l’un d’eux revient sur ses pas. Qu’a-t-il de plus que les autres pour revenir ainsi, pour marcher à nouveau vers Jésus avec, cette fois, un cri de louange à la bouche? Peut-être est-il d’abord allé au-dedans de lui-même. Son déplacement physique exprimant le mouvement spirituel, intérieur, qui s’accomplit en lui et le rapproche du Seigneur. Glorifier Dieu ce sera, pour lui, rendre grâce à Jésus en se prosternant à ses pieds, reconnaître en Jésus la source, croire en lui d’une foi qui fait de lui un sauvé appelé à repartir. « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé. »
Quand nous marchons sur la route, nous portons souvent des questions. Des pensées viennent, comme ça, tout en marchant. En plus de nous détendre, la marche produit du neuf dans nos esprits et dans nos cœurs. Au retour nous ne voyons plus la vie et les gens de la même façon. La route nous fait du bien, elle nous pacifie, elle nous rapproche intérieurement de l’essentiel.
Le Samaritain purifié qui revient vers Jésus, nous rappelle que le sens et le terme de notre parcours intérieur, c’est la reconnaissance de l’œuvre de salut accomplie en nous par le Christ. Cette découverte nous fait revenir sur nos pas. Elle nous invite à nous souvenir de Jésus qui jadis nous avait mis en route. Notre foi s’ouvre à lui plus totalement à la faveur d’un mouvement intérieur où l’Esprit nous interpelle. Un mouvement intérieur de reconnaissance par où nous passons de l’intercession à l’action de grâce véritable.