Une femme couverte de sang est arrêtée par la police devant une riche résidence de Westmount. Elle vient de décharger un fusil de chasse sur la façade de l’immeuble. Il n’y a pas de blessés, et il n’y a rien à tirer de la femme, qui, victime d’un choc nerveux, s’enferme dans un mutisme obstiné. Un enquêteur reconstruit son histoire.
Téléphoniste depuis vingt ans, Réjeanne a perdu son emploi lorsque la multinationale qui l’employait a mis à pied mille travailleuses. Épouse de Gilles, un camionneur devenu invalide et aphasique, elle n’arrive plus à joindre les deux bouts et doit vendre sa jolie maison au bord de la rivière Richelieu. Elle loue un petit appartement en ville et ne trouve que des emplois précaires et mal payés. Cette année-là, le président de la multinationale en question se verse un salaire de treize millions de dollars. Un profond sentiment d’injustice s’empare de Réjeanne. Son mari sombre peu à peu dans la dépression et finit par mettre fin à ses jours. Lorsque Réjeanne trouve le cadavre, quelque chose se rompt en elle…
Il s’agit du second volet de la trilogie de Bernard Émond sur les vertus humaines et chrétiennes que sont la foi (LA NEUVAINE) et cette fois-ci l’espérance (CONTRE TOUTE ESPÉRANCE). Bien que le réalisateur parle d’espérance, la compassion et la résilience sont au cœur d’un drame humain alors que le chômage et la maladie frappent sans préavis un couple jusque là sans histoire. Contrairement à son mari, Réjeanne se tient debout et livre bataille. Un espoir diffus, voire une endurance plus grande, la garde en vie. Malgré tout, le long métrage se termine avec une fin ouverte sur la vie…
En femme courageuse, Guylaine Tremblay est admirable de justesse jusque dans l’abattement tandis que Guy Jodoin endosse, de façon brillante et dans un registre inattendu, le rôle délicat de l’homme obstiné puis dévasté devant ce qui l’atteint durement.
On sait déjà que le troisième film portera sur la charité (LES FINS DERNIÈRES) et qu’il sera tourné en Abitibi.