La prédication chrétienne, sinon catholique, peine à rendre compte de la foi en la résurrection. Mais que dit-on au juste quand on parle de celle-ci, notamment à propos du corps ressuscité?
Croire aujourd’hui en la résurrection est un livre-essai, une sorte d’invitation à un voyage par étapes, jusque dans l’histoire la plus reculée de la pensée. L’homme antique sera le premier visité et nous dira quel sens il a su donner aux accidents de la vie, jusqu’au dernier, fatal, auquel il imputera le nom de «mort».
Ce travail d’historien amène l’auteur à se demander s’il n’y avait pas dans l’être, l’existence et le destin des hommes, les indices enfouis d’une finalité transcendant la mort et dès lors la déjouant.
L’auteur nous montre que le mot résurrection corrige s’il le faut, la somme des réponses à la question du sens ultime de la vie. Comme tel, ce mot est chrétien, exclusivement chrétien. Car la résurrection n’est pas l’immortalité, loin de là. Pas davantage la restitution du corps à l’identique, serait-ce dans la perfection. Elle implique comme préalable la rupture nécessaire de la mort. Cette dernière n’est pas une fin mais un passage, d’une vie dans une autre; et cela, dans l’attente d’une revanche du corps sous une forme jamais conçue ni d’ailleurs concevable. Du corps, certes, et plus que du corps. En théorie du moins, la résurrection est impensable en dehors de la foi; et celle-ci, non sans raisons, on la dit en crise.
Dans son ouvrage André Paul prend en compte les conditions culturelles et même sociales de la foi. Des «contre conditions», semble-t-il. Et pour cause. On a l’impression que tout est pensé, cherché et tenté pour créer des situations où l’immortalité s’affirme. D’où la multiplication des moyens de déjouer la mort, comme le «jeu de strangulation» ou «du foulard», la cryogénie (technique de congélation de cadavres en attente d’un cerveau revivifiant), les utopies dites transhumanistes, correspondant à des recherches de pointe, richement financées, en vue de la production d’un homme dit «augmenté», etc. L’auteur révèle combien la quête de l’immortalité traduit une haine partagée du corps, ce qui, pour une part, n’est qu’un tardif héritage de la gnose antique.
Essentiellement historique, la tâche de l’auteur consiste d’abord dans une «archéologie» d’un élément axial du système doctrinal chrétien. Elle est également théologique, dans la mesure où elle se donne pour but d’élucider, d’une façon audible par nos contemporains, la valeur infinie de données «révélées» recueillies dans le Credo.
André Paul, Croire aujourd’hui en la résurrection, Éditions Salvator, 2016.