Ce petit livre est le fruit d’une rencontre entre deux frères, Claudio Monge et l’incontournable Roger de Taizé, au cœur du petit village œcuménique bourguignon et au plus près de celui qui créa une communauté hors du temps.
Rare sont les rencontres qui bouleversent à ce point une vie. Et pourtant ce fut le cas pour le fr. Monge qui, permanent durant deux ans sur la colline de Taizé, découvrit au contact du frère Roger et surtout de sa spiritualité le vrai sens de sa vocation, être un artisan de la réconciliation entre les peuples, les cultures et les religions. Savoir accueillir et être accueilli.
La mission de Taizé pourrait se résumer dans ces mots : Si, dans la rencontre entre frères et davantage encore entre générations, on a préalablement besoin de se savoir aimé, et s’il n’y a aucun amour humain qui ne soit fondé sur un amour exclusif et personnel de Dieu, il est essentiel de témoigner d’un Dieu qui ne peut qu’aimer, contre toute tenace caricature d’un Dieu qui fait peur et qui culpabilise. Cet amour se transmet d’abord dans le silence.
Frère Roger n’a cependant jamais limité cette démarche de rassembler les chrétiens dans l’unité au seul côté spirituel. Il a vivement contribué au développement d’une sorte de doctrine sociale de l’œcuménisme. Il écrivait : «En nous associant pour apporter une promotion humaine à des hommes qui ne peuvent plus l’espérer, nous sommes rendus à notre vocation commune de baptisés à travers le monde … La vocation œcuménique est un lieu où l’on découvre qu’en tout il y a réciprocité : c’est nous qui avons tout à recevoir. Sans réciprocité, nos gestes seraient paternalistes.» On donne ici une nouvelle dimension à l’œcuménisme : la solidarité des chrétiens d’occident avec le monde des pauvres.
Cette solidarité œuvre les horizons de la communion possible même aux non-croyants ou du moins, à ceux qui croient ne pas croire. C’est ça l’oecoumène : la réalisation de l’unité visible des chrétiens et, à travers elle, l’unité de tous les hommes.
Frère Roger aimait répéter sans cesse la prière confiante, inspirée par saint Augustin : «Dieu enfouit notre passé dans le cœur du Christ et, de notre futur il a déjà pris soin.»
Le frère Claudio Monge, dominicain, vit à Istanblul, où il est le responsable du centre de documentation interreligieuse des Dominicains et est, par ailleurs, consulteur du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Claudio Monge. Taizé. L’espérance indivise. Les Éditions du Cerf. 2015. 121 p.