10 avril 2016
Dans le bureau d’un hôpital, un médecin ouvre le dossier d’un malade. Il lit un nom, une adresse, une date de naissance, un numéro d’assurance sociale, quelques renseignements sur la situation sociale du patient, son état de santé, les étapes de sa maladie, les traitements, les médicaments à prendre. Refermant le dossier, le médecin peut dire qu’il sait des choses sur une personne. À partir d’une fiche signalétique, il peut dire qu’il connaît la personne. Il sait qu’elle existe et qu’elle possède un certain nombre de caractéristiques.
Sur la route entre Jérusalem et Emmaüs, deux voyageurs conversent avec un troisième. Ils parlent de Jésus. Ce Jésus venait de Nazareth. Il semblait être un prophète. Pourtant, les chefs des prêtres et les dirigeants l’ont condamné. Il est mort. On pensait qu’il serait le libérateur. Une rumeur court : il serait ressuscité. Cléophas et son compagnon présentent les faits. Ils parcourent une fiche signalétique. Ils présentent les bribes de ce qu’ils connaissent de Jésus.
Deux millénaires plus tard, des hommes et des femmes parlent encore de Jésus. Ils disent : «Il a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux». Ces hommes et ces femmes récitent une formule. Ils peuvent la réciter froidement comme on parcourt une fiche signalétique, une circulaire ou une annonce publicitaire.
Ces hommes et ces femmes ne sont pas nécessairement des disciples de Jésus parce qu’ils récitent cette formule. Ils peuvent même fréquenter l’église chaque dimanche, dire des prières, pratiquer des sacrements sans jamais véritablement croire en Jésus. Comme le médecin n’est pas en amour avec un malade parce qu’il a lu son dossier.
La foi n’est pas une formule. La foi est une rencontre. La foi n’est pas une connaissance. Elle est une reconnaissance. Comme les disciples sur la route d’Emmaüs, nous cheminons nous aussi de notre naissance à notre mort. Sur la route, un inconnu nous rejoint. À nous aussi, il pose la question : «De quoi causiez-vous donc tout en marchant?» Et alors, en parlant de nos drames et de nos bonheurs, il nous montre dans l’écriture de notre vie tout ce qui le concerne. Puis, un geste ouvre nos yeux et nous le reconnaissons. Un geste! Par exemple : quelqu’un qui donne sa vie ou qui simplement rend service, quelqu’un qui partage du pain. Devant ce geste, nous disons : «C’est vrai! Le Seigneur est là! Il est vraiment ressuscité!»
Voilà le véritable acte de foi. Il n’est pas une formule, il est une rencontre. Il n’est pas une connaissance, il est une reconnaissance. Et ceux qui font l’expérience de cette rencontre disent : «Notre cœur n’était-il pas tout brûlant quand, ces jours-ci, nous écrivions le roman de notre vie et qu’il nous aidait à découvrir, à travers nos graffiti, les écritures de Dieu? Notre cœur n’était-il pas tout brûlant quand il traçait pour nous le sens de nos tristesses comme de nos joies, quand il dessinait avec nous nos rêves et nos projets, quand il attirait notre attention sur nos fidélités? Et même sur le sens de notre péché et de nos faiblesses?
En rompant le pain les uns pour les autres, nous proclamons la mort du Seigneur et nous célébrons sa résurrection. Nous voulons faire mémoire de ce geste qui se continue chaque fois que l’amour est vécu dans le don et le partage. Chaque fois que l’occasion nous est offerte de dire : «C’est vrai! Le Seigneur est vraiment ressuscité! » Et nous ajoutons : «Nous attendons sa venue dans la gloire!» Nous l’attendons sur la route de notre vie. Nous l’attendons aussi au terme de notre voyage terrestre. À ce moment-là, les rôles seront changés. Ce n’est plus nous qui l’inviterons à notre table, c’est lui qui nous invitera à la sienne.
Effectivement la foi n’est pas une formule, par contre , la rencontre peut se réaliser par des chemins différents,la connaissance peut nous conduire à l’amour, mais l’amour à la connaissance. La
rencontre peut se faire au fond de l’abîme, le vent souffle
où il veut .Les débordements
de la Miséricorde , nous atteignent jusqu’au tréfonds
de l’âme pour nous conduire
à la pleine lumière et cela envers et contre tout, rien ne
peut nous séparer de l’Amour
du Christ.