À vingt ans, Erie-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de cette expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brûlante.
Vingt-cinq ans se sont écoulés entre l’expédition saharienne et le récit qu’il en fait aujourd’hui. Sa foi a supporté autant le dépaysement que le passage du temps ; elle n’a cessé de croître. Depuis vingt-cinq ans, elle s’est élargie aux dimensions d’un fleuve.
Longtemps, il a gardé cette foi secrète. Elle le modifiait en sourdine. Tandis qu’elle creusait son lit, sa perception du monde s’enrichissait.
Au retour du Hoggar, l’écrivain larvaire qui sommeillait en lui depuis l’enfance s’est assis à une table pour devenir le scribe des histoires qui le traversent. Romancier, nouvelliste, conteur, homme de théâtre, chez lui tout est écrit avec passion. Son talent d’écrivain a pour objectif de transmettre des valeurs qui le dépassent et qui le portent.
Éric-Emmanuel Schmitt vit et écrit à partir d’un lieu, son âme. Or, celle-ci a vu la lumière – et la voit encore, y compris à travers les ténèbres les plus charbonneuses. Une expérience mystique s’avère une expérience paradoxale : la force de Dieu n’annihile pas la mienne ; le contact du moi et de l’Absolu n’empêche pas de remettre ensuite le moi devant ; l’intensité péremptoire du sentiment ne supprime en rien les délibérations de l’intellect.
Pour lui, la foi est différente de la preuve. L’une est humaine, l’autre est un don de Dieu. C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce qu’est la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison. Lors de sa nuit du Sahara, il n’a rien appris, il a cru. Il a cru en ce Dieu qui n’est pas Celui qui sauve les hommes mais en Celui qui leur propose de penser à leur salut.
Cette nuit de feu – ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique -, Éric-Emmanuel Schmitt la raconte pour la première fois dévoilant au fil d’un fascinant voyage intérieur son intimité spirituelle et l’expérience miraculeuse qui a transformé sa vie d’homme et d’écrivain. Les chemins qu’il trace ici sont inscrits en chacun et chacune de nous.
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Eric-Emmanuel Schmitt
La nuit de feu, Albin Michel, 2015.