3 janvier 2016
Le temps des fêtes tire à sa fin. C’est la tristesse dans l’âme des amateurs de fêtes. Grande joie pour ceux qui ont déjà rangé les décorations de Noël et mangé leur dernière bouchée de tourtière.
Chez les chrétiens orientaux, le temps des fêtes commence avec la fête des Rois. L’Épiphanie est la manifestation du Sauveur pour toute l’humanité. À Noël, nous célébrons Dieu qui vient parmi nous. Dans les églises orientales, l’Épiphanie rappelle que tous les hommes et toutes les femmes vont à la rencontre de Dieu. Pas seulement les baptisés, tous les hommes et toutes les femmes. Sans distinction de race, de langue, de peuple, de pays. Saint Matthieu, qui adresse son évangile aux Juifs, ne manquent pas de raconter la visite des Mages pour rappeler à ses compatriotes que l’amour de Dieu est universel, que Dieu ne limite pas ses prévenances à quelques-uns. Au contraire, il veut embrasser toute l’humanité, en tout lieu et dans tous les siècles.
Aujourd’hui, nous complétons notre crèche de Noël pour en faire une crèche de l’Épiphanie. Nous ajoutons des Chinois, des Africains, des Papous, des Sud-américains, des Inuits, des Canadiens-français, etc. Ces personnages, habillons-les de leurs costumes nationaux. Qu’ils expriment leur culture. Sans hésitation, traçons à gros traits leurs différences.
Autour de la crèche, plaçons-les pour qu’ils forment une gigantesque ronde. S’il le faut, ajoutons ces mots d’une chanson de Claude Léveillé : «Je veux ceinturer madame la terre, faire un équateur avec des souliers, des pas et des pieds d’amis et de frères et droit d’y passer pour le monde entier.»
Certains pays ne sont pas nommés dans les livres de géographie. Ils devraient être là. Par exemple : le pays de la pauvreté où séjournent les sans-argent, ceux qui vivent dans la misère, qui manquent de tout. Il faudrait des gens qui représentent les malades et tous les souffrants. Je suggère qu’on les installe sur des lits ou des civières. Il faudrait des gens qui sont blessés psychologiquement, qui souffrent avec eux-mêmes, avec les autres, des malheureux, des isolés, des oubliés, des abandonnés. Toutes les misères devraient occuper une place dans la crèche de l’Épiphanie. Pas rassemblés à l’écart pour les isoler davantage; plutôt éparpillés parmi les autres, dérangeants même.
C’est beaucoup de monde, tous ces gens. Mais il devrait rester de la place pour une catégorie bien spéciale : les indésirables, les voleurs, les prostitués, les assassins, les terroristes, les méchants dont nous pourrions être les victimes. Qu’ils prennent place ceux-là tout près de Jésus, Marie et Joseph. Après tout, le Sauveur est venu pour les pécheurs, n’est-ce pas?
Cette immense foule – ces Nations Unies – risque de cacher l’Enfant Jésus. Mais c’est un beau risque. Nous nous tracerons un chemin jusqu’à la mangeoire où repose le bébé. À sa façon, il nous apprendra à devenir nous-mêmes des crèches vivantes. Il nous apprendra à donner notre vie, comme lui.