13 décembre 2015
J’ai vécu un après-midi bien spécial dernièrement. Je me trouvais en compagnie de mon filleul de treize ans. Grande discussion. Habituellement plein d’entrain, ce jour-là Timothée avait le cafard. Ou plutôt il avait peur.
Le jeune mousquetaire envisageait l’avenir avec crainte et tremblement. Il ne se voyait pas heureux sur une planète transformée en dépotoir. Timothée n’exagérait pas. Il avait de notre terre une vision pessimiste mais plutôt juste. Quelques mois avant la conférence de Paris sur le réchauffement climatique, mon filleul était parvenu à des conclusions semblables à celles des cent quatre-vingt-quinze représentants d’autant de pays. À sa façon, Timothée parlait comme le pape François dans sa brillante encyclique sur notre sœur la terre :
Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter. La violence qu’il y a dans le cœur humain blessé par le péché se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants. C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui «gémit en travail d’enfantement» (Rm 8, 22). Nous oublions que nous-mêmes, nous sommes poussière (cf. Gn 2, 7). Notre propre corps est constitué d’éléments de la planète, son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure (Laudato si, 2).
Il n’y a pas si longtemps, les écologistes déclenchaient des sourires moqueurs quand ils s’inquiétaient de l’avenir de la planète. Aujourd’hui, les adultes que nous sommes – soit disant les sages – nous reconnaissons que nous maltraitons notre maison commune. Et nous nous apprêtons à remettre à nos descendants un cadeau délabré.
La tentation est forte de baisser les bras. De laisser à ceux et celles qui nous suivent le dur travail de refaire le grand œuvre que nous avons massacré. Heureusement, nous avons un certain sens des responsabilités. La conférence qui s’est tenue à Paris nous invite à la confiance. L’histoire de la planète nous révèle qu’elle a connu d’autres désastres. Elle a vécu des époques semblables à celle que nous traversons. Et elle s’en est tirée assez bien. Menacés, nous nous surprenons à faire appel à de nouvelles stratégies. Nous avons recours à de l’inédit. Nous ne manquons pas de créativité.
La sonnette d’alarme s’énerve, mais il n’est jamais trop tard.
Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. Le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet d’amour, il ne se repent pas de nous avoir créés. L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. (Laudato si, 13)
Alors, Timothée, retrousse tes manches et entraîne tes copains. Ensemble, jeunes et vieux, rendons la terre plus habitable.