La nuit du 13 au 14 décembre 1591, Jean de la Croix s’éteint à l’âge de quarante-neuf ans; il fut le premier carme à avoir adhéré à la réforme du Carmel réalisée par Thérèse d’Avila.
Juan de Yepes Alvarez naquit à Fontiveros, en Vieille-Castille. D’origine modeste, après une enfance très difficile, il dut, pour payer ses études, faire office d’infirmier auprès des pestiférés, dans l’hôpital de la ville.
Puis il entra chez les carmes de Medina del campo. En raison de ses aptitudes intellectuelles peu communes, il fut envoyé dans la célèbre université de Salamanque pour y poursuivre ses études.
Jean observait une ascèse si extrême que sa santé physique en fut ébranlée: il songeait alors à quitter le Carmel pour devenir chartreux, quand il rencontra Thérèse d’Avila qui le convainquit de la possibilité de réformer l’Ordre.
Il inaugura ainsi une petite communauté extrêmement pauvre; mais bien vite ses supérieurs lui confièrent d’importantes responsabilités dans la formation intellectuelle et spirituelle des novices. Sa vie ne fut alors plus que pérégrinations d’une communauté à l’autre, durant lesquelles Jean fut souvent attaqué, parfois même insulté et humilié, de toute façon rarement compris de ses frères.
Ce chemin d’humiliation, au cours duquel il affirme avoir fait l’expérience, dans la «nuit obscure», de l’âme, d’être abandonné par Dieu même, a donné à Jean la force d’invoquer la «vive flamme d’amour» de l’Esprit et d’écrire des poèmes et des cantiques spirituels qui relatent l’union sponsale de l’âme avec Dieu. Selon l’expérience qu’il en a faite, c’est le plus sûr moyen d’accéder du chemin pascal du Seigneur pour ceux qui s’y engagent avec confiance. Les catholiques le vénèrent comme docteur de l’Église, tandis que les anglicans font mémoire de lui comme poète et maître de la foi.
Témoins de Dieu, Martyrologe universel, Bayard pp. 713-714