Quand les extrêmes se touchent
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 21,25-28.34-36.
En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots.
Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire.
Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste
comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
COMMENTAIRE
«Que les soucis de la vie ne vous alourdissent pas. Restez éveillés et priez, et vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver. » Les catastrophes annoncées ne sont pas là pour nous abattre et nous anéantir. Les réalités difficiles ne sont pas fatales, nous pouvons tenir, nous avons les moyens de tenir, c’est là l’affirmation surprenante de l’Évangile.
Les impasses et les catastrophes n’ont jamais manqué autour de nous, et même en nous. Nous sommes plutôt bien placés pour les voir et en faire l’expérience. C’est ainsi qu’il s’en trouve parmi nous plusieurs pour brosser un tableau très sombre de notre société québécoise. Une société qui ne donnerait plus la vie, qui manquerait de souffle, dont le tissu social se détériore, où monte la violence, où il y a une épidémie de suicides, une dangereuse glissade vers le néant, etc. Certains parlent d’un déficit de valeurs à combler. À défaut de mourir de peur, on évoque la déprime devant des situations devenues alarmantes.
Face à nos malheurs, collectifs et personnels, en suivant l’appel de l’évangile du jour nous pourrions évoquer en contraste les signes d’une reprise, des retours prometteurs vers des valeurs profondes, les prises de conscience et les engagements significatifs de plusieurs, tous ces redressements qu’on peut voir. C’est que l’Évangile ne s’arrête pas aux seuls aspects négatifs et décourageants, autrement il ne serait plus une Bonne nouvelle. La crise de l’espérance dans notre monde vient du fait qu’on ne suit pas le mouvement ou l’appel de l’Évangile. Un appel à bien voir, à nous tenir debout, à relever la tête.
La venue mystérieuse du Seigneur porte le secret d’un revirement formidable. «Le Fils de l’homme viendra dans la nuée avec grande puissance et grande gloire ». Les évangélistes font appel à cette prophétie pour expliquer le rôle du Christ et de l’Esprit Saint dans l’histoire du monde. Ils nous apprennent ainsi que, quoiqu’il arrive de dangereux et de menaçant dans nos vies, dans notre société, nous devons espérer. « Redressez-vous et relevez la tête », est-il dit, «soyez dignes de paraître debout devant le Fils de l’homme. » Car s’il vient pour un salut, ce salut ne se fera pas sans nous. Nous devons être debout, en alerte, en état de service, pour être les annonciateurs, les témoins et les artisans de cette venue. Par notre veille, notre prière et nos engagements, nous témoignons de la fidélité de Dieu, de la vérité de ses promesses, du don effectif de son Esprit.
Le temps de l’Avent nous rappelle les promesses, il réaffirme les tendances fortes de nos vies de croyants et de croyantes. Vivre l’Avent, c’est croire et espérer que nous verrons naître un monde nouveau, c’est savoir que cette venue mystérieuse est déjà commencée. Nous sommes dans l’inconfort du désir et de l’attente, mais plein de choses sont déjà faites ou en train de se faire, qui nous tirent de la confusion et de la peur, qui nous gardent dans l’espérance. Au cœur même des détresses et des souffrances, un travail s’accomplit. Gardons l’œil ouvert, le cœur disponible, les mains tendues pour la prière et pour l’amour du prochain. Et nous ne serons pas engloutis par les soucis, les distractions, l’égoïsme et la peur.
Nous tenir debout. À l’image de la femme et de l’homme nouveaux, dans la puissance du Ressuscité. C’est sans doute le sens de cette position debout que nous prenons ensemble à l’église pour l’eucharistie, pendant les prières, la lecture de l’Évangile, la prière eucharistique. C’est la position que nous voudrons prendre aujourd’hui encore, avec reconnaissance, confiance, dans la communion à l’action de grâce du Christ lui-même.
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