Cet extrait du poème attribué au maître chinois Nieou-Teou (594-6570 parle du Vide (ou de la Vacuité) et souligne à quel point toute distinction entre sujet et objet est trompeuse. Même les distinctions entre l’éveil et l’ignorance, entre le vide et le non-vide, etc. s’effacent pour celui qui entre dans la vérité du Grand Véhicule.
Seules les réflexions obscurcissent l’esprit
et sèment la confusion dans les esprits vitaux.
L’on veut alors stopper le mouvement de l’esprit,
lequel s’arrête parfois, puis repart au galop.
Sachez que toute chose est sans aucune attache,
il faut considérer cette seule réalité,
il n’existe de sortie, il n’existe de plongée,
il n’y a pas de calme, encore moins de vacarme.
Éveillés solitaires et vous les Auditeurs,
vous ne sauriez parler de cette Connaissance,
car en réalité il n’y a pas d’objet,
Il subsiste seulement la sublime Connaissance.
Ô Vide jaillissant de cette réalité
dont l’esprit en saurait épuiser les ressources.
Lorsque l’éveil est là, il n’y a pas d’éveil,
et la non-vacuité est vacuité réelle.
Tous les Bouddhas passés, présents et à venir
prennent pour véhicule ce seul enseignement,
dont la moindre partie de la pointe d’un poil
embrasse en son entier les innombrables mondes.
Il n’y a vraiment rien dont il faille s’enquérir
comme il n’est nul endroit où apaiser l’esprit.
Lorsqu’il n’est nul endroit où apaiser l’esprit,
Le Vide lumineux se met à resplendir.
Dans la douce quiétude de cette non-production,
dans les vastes étendues de cette libération,
où tout acte est enfin sans aucune stagnation,
aller ou demeurer sont à égalité.