À la salle du Centre diocésain de Nagasaki l’évêque Takami Mitsuaki a donné ce soir (20 octobre) sa conférence d’automne. Quatre fois au cours de l’année, il rencontre les chrétiens à travers un commentaire biblique. Le thème de ce soir: « Des prophètes à Jésus. » Plus de quatre cents personnes sont présentes.
Son commentaire est simple, clair et nourrissant. Devant cette foule assemblée pour l’écouter, je sens qu’il a à cœur de dire sa foi, de montrer l’intelligence de sa foi, et aussi d’exprimer sa conviction d’être lui-même un prophète. Il a raison de prendre cette attitude devant son auditoire. Ce sont ses brebis, il est le pasteur.
Le conférencier a fait ses études de théologie à Fukuoka, au grand séminaire des Sulpiciens, fondé avant la guerre par le Cardinal Léger, avec l’aide des Pères Sulpiciens du Québec. Mgr Takami est lui-même sulpicien. Il est ensuite allé se spécialiser en exégèse biblique au couvent des Dominicains à l’École biblique de Jérusalem et quelques autres endroits.
Revenu à Fukuoka, pendant plusieurs années, il enseigna aux séminaristes, avant de prendre la direction du diocèse de Nagasaki. Et quel diocèse ! Morcelé par des centaines d’îles, parfois très éloignées, faisant face à des gens qui ont un patois plutôt original, des coutumes très marquées. « La joie en moi d’une Parole habitée, mais en même temps le souci constant de mes limites » a-t-il dit, au cours de sa conférence.
Durant tout le temps de cet entretien, je pense aux missionnaires venus de l’étranger depuis le seizième siècle : Jésuites, Dominicains, Franciscains, pour annoncer la « religion de Jésus » comme on disait autrefois. Je pense aussi aux Japonais prêtres et laïcs qui, à travers foi et témoignage ont marché à la suite de Jésus, ont joué un authentique rôle de prophète dans leur pays. Le prophète est celui qui donne aux autres les fruits de sa contemplation.
À plusieurs reprises au cours de la rencontre je ne peux me retenir de voir à travers le visage du conférencier le visage de ceux et de celles qui ont œuvré jusqu’au martyre pour semer la Parole au Japon. « Qui sacrifie sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera… »
Paul-Henri Girard, o.p. Au Japon depuis 1957
Source et Rivière ou Nagasaki , méandres d’une expérience, 223 pages, Tokyo 2006