Quand j’étais enfant, mes parents nous racontaient des histoires pour nous endormir, pour occuper les jours de mauvais temps et surtout pour nous émerveiller. Il en est une que nous aimions plus que toutes les autres. Une histoire qui est presque devenue une légende familiale.
Au grenier d’un vieil oncle de ma mère dormirait depuis fort longtemps une carte au trésor. Un marin, sur son lit de mort, aurait donné cette carte à quelqu’un de notre parenté. Les seuls indices que nous ayons : le trésor est enfoui au pied d’un bouleau sur l’île d’Anticosti. Nous avons beaucoup rêvé cette aventure. Les enfants y croyaient dur comme fer. Les adultes, beaucoup moins. Cependant, je suis persuadé que nous aurions été fous de joie si, un jour, nous avions trouvé le fameux trésor.
Cette légende me revient en tête quand je lis les paraboles du trésor et de la perle fine (Matthieu, 13 44-46). Jésus dit que découvrir le Royaume fait jaillir une joie aussi folle. Que nous soyons de vieux chrétiens ou des convertis de fraîche date, que nous refusions de croire en Dieu ou que l’Évangile nous laisse indifférents, qui que nous soyons, nous portons tous en nous des rêves. Ils expriment une soif profonde, un creux qui attend d’être rempli, un espace que nous voulons voir habiter. Nous désirons vivre pleinement notre vie. Nous cherchons l’absolu. Nous souhaitons aimer à l’excès. Nous espérons des lumières nouvelles sur la vie après la vie. Nous guettons le sens caché derrière les gestes et les paroles qui forment la trame de notre quotidien. Nous refusons la mort. Nous attendons un bonheur que rien ne pourra briser.
Tous ces rêves que nous portons depuis notre toute première respiration, Jésus leur donne une consistance. Il nous révèle que Dieu peut être l’absolu que nous cherchons, la plénitude de notre vie. Que nos désirs les plus profonds correspondent à celui de Dieu, qui veut vivre son éternité en communion parfaite avec l’humanité. Le Royaume de Dieu est la seule réalité qui peut rassasier adéquatement la soif qui nous habite.
Saint Augustin disait : «Nous sommes faits pour Dieu et notre cœur ne pourra se reposer qu’en lui. Dieu n’est pas un ajout à notre existence. La foi n’est pas un luxe que les croyants se paient. Dieu est le sens de la vie de tout homme, de toute femme. Il n’est donc pas étonnant que celui qui découvre le Royaume soit fou de joie, qu’il soit prêt à tout laisser pour l’acquérir.