Né vers 400, Diadoque de Photicée est mort avant 486. Évêque de Photicée, petite ville au nord de la Grèce actuelle, il participa au concile de Chalcédoine en 451 et s’opposa avec ses pairs à l’hérésie monophysite qui affirmait que la nature divine du Christ avait été comme englouti par la nature humaine. En plus de sa charge pastorale, Diadoque était aussi responsable d’une communauté monastique. Son principal combat fut livré au plan spirituel alors déchiré par des tendances opposées et d’âpres controverses. Héritier de grands mystiques tel Macaire, moine du désert, et Evagre, Diadoque est toujours apparu comme un phare de l’orthodoxie spirituelle. Il s’est imposé surtout comme le maître de l’expérience sensible et l’un des premiers porte-parole de la « prière de Jésus », cette invocation continuelle du nom du Sauveur qui marquera l’ensemble de la spiritualité orthodoxe.
La colère, d’ordinaire, entraîne plus de trouble et de désordre dans l’âme que les autres passions. Pourtant, il y a des cas où elle se révèle d’une très grande utilité. En effet, lorsque c’est contre les auteurs d’impiété ou de désordres de toutes sortes que nous la tournons, tout en gardant notre calme intérieur, pour les amener au salut ou leur inspirer de la honte, c’est un surplus de douceur que nous donnons à notre âme, car nous tendons alors tout à fait au même but que la justice et la bonté de Dieu ; bien plus, lorsque nous nous irritons avec force contre le péché, nous virilisons souvent ce que notre âme peut comporter d’efféminé. Par ailleurs, si nous frémissons en esprit contre le démon de la corruption, lorsque nous tombons dans un grand découragement, nous élevons notre pensée au-dessus des fanfaronnades de la mort : c’est un fait indubitable. Pour nous enseigner cela, Notre Seigneur a frémi deux fois en son esprit en face de l’Hades et il s’est troublé (alors qu’il réalise sans aucun trouble, par sa seule volonté, tout ce qui lui plaît), et ainsi il a rendu l’âme de Lazare à son corps, de sorte, que, me semble-t-il, c’est plutôt comme une arme que la colère mesurée a été donnée à notre nature par Dieu qui nous a créés. Si Éve y avait eu recours contre le serpent, elle ne serait pas tombée sous l’emprise du plaisir passionnée.
De là vient, selon moi, que celui qui, dans son zèle pour la piété, a recours à la colère mesurée, pèsera plus,lord dans la balance des récompenses que celui dont l’esprit, dans son inertie, n’est jamais saisi par la colère.En effet, ce dernier paraît visiblement avoir, pour conduire les sentiments humains, un cocher sans entraînement, tandis que le premier, toujours monté sur les chevaux de la vertu, dans son ardeur au combat, est emporté en plein milieu de la troupe de démons, exerçant dans la crainte de Dieu, le quadrige de la continence. C’est celui que l’Écriture appelle « char d’Israël », au moment de l’assomption du divin Élie, puisque c’est aux Juifs en premier lieu que Dieu paraît avoir parlé d’une manière excellente des quatre vertus. C’est pourquoi ce grand prophète, tout nourri de la sagesse divine, fut élevé dans les airs sur un char de feu, se servant, à ce qu’il semble, de ses vertus comme d’un attelage, lui le tempérant, au moment où l’Esprit l’enleva dans un souffle de Feu.