Quand nous construisons notre vie à deux, il nous apparait clairement que cette vie conjugale occupera beaucoup de place. Quand la vie ordinaire prend le pas, gérer tous les aspects de notre vie tient parfois de l’équilibre. Pour faire face à nos responsabilités, nous avons tendance à miser beaucoup sur le travail, gage du souci que l’on prend des nôtres afin de subvenir à leurs besoins. Et à un moment, il est facile de glisser de l’investissement dans le travail pour les autres à l’investissement dans le travail en dépit des autres…
Patrick et Sabine avaient décidé de reprendre le commerce familial des parents de Sabine. Ainsi, à deux, ils auraient l’occasion de partager leur quotidien et d’aménager leurs horaires afin de ne sacrifier en rien à leurs deux enfants. Sur le papier le projet se tenait. Mais dans la vraie vie, ce commerce ne ressemblait en rien à un temps partagé ensemble. Patrick travaillait 90 heures par semaine ! Sabine, près de 40 heures. Elle aménageait ses heures pour être là pour les enfants, les allées et venues des enfants, les soirs jusqu’à leur coucher.
Ils gagnaient bien leur vie, et la famille de Sabine jubilait de voir le commerce familial se poursuivre. Mais ce qui n’allait plus du tout était le couple lui-même. La boutique avait pris toute la place entre eux ! Ils partageaient leur temps ensemble à régler les problèmes du commerce et à sans cesse s’investir afin qu’il continue de prospérer… Et les enfants commençaient à grandir et réclamaient leur présence davantage autour des devoirs et des temps en famille à passer la fin de semaine. Du temps en famille ? Il existait encore moins que le temps conjugal. La famille, c’était Sabine (quand elle le pouvait) et les deux enfants. Patrick n’était jamais disponible ou si rarement.
Au cours d’une retraite conjugale, forcer de s’assoir pour discuter des meilleurs souvenirs de l’année écoulée dans leur vie de couple, ils se sont rendus compte à quel point la vie, en dehors du commerce, était totalement inexistante entre eux. Quel moment pouvaient-ils se remémorer ? Ce vide a été une gifle en plein visage. Ils avaient sacrifié leur couple, leur famille au commerce. De là est né l’idée de changer totalement de métier. Patrick repris son ancien métier pour lequel il avait déjà de l’expérience et Sabine s’est réorientée, a fait d’autres études et s’est replacée. Ce ne fut pas évident ! Il fallait affronter la déception de la famille de Sabine : le commerce serait vendu à des gens inconnus ! Il fallait adapter le niveau de vie à la nouvelle réalité budgétaire. Il fallait aussi que Patrick prenne sa place dans la vie de ses enfants, et sache comment faire !
Ce couple a été très courageux d’affronter tous ces changements et surtout d’avoir été capables de changer de vie ! Ils affirment que sans ce changement, leur couple ne serait sans doute plus. Jésus ne dit-il pas : « Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe la; mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie, que d’avoir les deux mains et d’aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point. »
Qu’est-ce qui dans notre vie empêche notre couple de bien fonctionner ? Plutôt que d’une rupture, sommes-nous prêts à jeter cet obstacle afin de préserver notre vie à deux ? La célèbre métaphore des gros cailloux dans le bocal nous invite à placer ce qui a le plus d’important en premier dans notre vie. Dans la vie conjugale, il est essentiel de mettre cette vie à deux au cœur du projet. La suite du couple en dépend.