Dans le grand parc, tout juste à côté de chez nous, il y a foule de gens qui s’amènent chaque fois que le soleil brille un peu. Voici qu’enfin l’air est devenu plus chaud et les grands espaces, irrésistibles. Sur les terrasses de la rue voisine se multiplient les rencontres de ceux et celles qui maintenant s’attardent et flânent. Mois de printemps, tendres et doux et tièdes et tant attendus. Mois où les grands froids et les longs silences sont oubliés. Où chacun abandonne ses lourds manteaux, protecteurs, pour se vêtir de plus légers tissus et sortir de lui-même.
La nature maintenant s’est éclatée. Les bourgeons ont finalement libéré partout des flots de verdure. Les fleurs ont déjà fleuri dans les sous-bois, au milieu des herbes et jusque plein les arbres. Les oiseaux s’appellent maintenant de partout. Rien n’a résisté à cette envie de vivre et de chanter. Les grands arbres ont même déjà déversé des avalanches de semences. Généreux épanchements de vie, d’appels à vivre et de promesses.
Comment échapper à cet élan? Dans le parc et sur la rue, les gens se surprennent à sourire, à s’intéresser à tout ce qui se passe et arrive. Voici que plusieurs qui ne parlaient plus, se parlent. Ils se regardent d’un œil nouveau. Ah! si tous et chacun et chacune participaient à l’envie de communiquer, d’aimer, d’être aimé, de voir et de contempler : Qui es-tu, toi mon frère, toi, ma sœur? Que deviens-tu? Où vas-tu? Que cherches-tu? Qui cherches-tu?
Dans ce bel éparpillement et cet étonnant questionnement d’hommes, de femmes et d’enfants chacun a bien le droit de s’adonner à quelque quête particulière, de s’abandonner à l’enthousiasme général. Pour un moment de Pentecôte. Voici qu’une marée d’Esprit Saint demande à nous porter, pour de beaux aller retour des uns vers les autres avec le goût de vivre, d’aimer, d’être aimé, de marcher vers demain. Pour enfin sortir de nos léthargies, de nos bulles. Pour risquer l’aventure de la parole, de l’extase et de la vie.
Jacques Marcotte, OP
Québec