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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Quatrième dimanche du Carême. Année A

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Rien d’autre que le Christ

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 9,1-41. 

jesus-healing-blind-manEn sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? »
Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l’action de Dieu devait se manifester en lui.
Il nous faut réaliser l’action de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir.
Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle,
et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’en a frotté les yeux et il m’a dit : ‘Va te laver à la piscine de Siloé. ‘ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »
On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
A leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. »
Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés.
Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »
Les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme, qui maintenant voyait, avait été aveugle. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents
et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’il voie maintenant ? »
Les parents répondirent : « Nous savons que c’est bien notre fils, et qu’il est né aveugle.
Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, les Juifs s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie.
Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »
Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois. »
Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? »
Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples.
Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux.
Comme chacun sait, Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce.
Jamais encore on n’avait entendu dire qu’un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance.
Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui.
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »
Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons ! ‘ votre péché demeure.

COMMENTAIRE

En sortant du temple, Jésus voit un mendiant, aveugle de naissance… Ayant craché par terre, il fait une boue dont il recouvre les yeux de l’infirme, puis il l’envoie à la piscine de Siloé.  L’homme va donc s’y laver. Et voici qu’il passe des ténèbres à la lumière, de la nuit au jour. Curieusement Jésus disparaît au moment où l’homme se met à voir. Ce dernier se retrouve donc seul avec cette grande nouveauté dans sa vie.

Qui de nous n’a pas fait l’expérience déroutante d’une rencontre qui provoque chez lui un change-ment important, si bien qu’il ne voit plus les choses de la même façon. Comment dire aux autres ce qui lui est arrivé? Comment leur expliquer la mystérieuse certitude qui l’habite maintenant? Qui n’a pas éprouvé un jour cet inconfort et le sentiment troublant de n’être pas compris?

Le pauvre homme, si « merveilleusement illuminé », nous le suivons avec émotion alors que tout le monde autour de lui le remet en question. Les uns s’étonnent. D’autres ont peur. Ses parents même le laissent tomber. Les pharisiens l’accusent, le jugent et le condamnent. Ils vont jusqu’à le jeter hors de la synagogue. Au fil de cette saga, c’est de Jésus lui-même qu’il est question. On parle de lui, on le juge, on le persécute. C’est d’un procès qu’il s’agit, où Jésus est pris à parti dans celui-là même qui met sa foi en lui. Les deux histoires n’en font  qu’une.

Voyons comment l’homme témoigne simplement de ce qui lui est arrivé. Il en parle calmement, sereinement, avec respect et douceur. Les persécuteurs n’arrivent pas à lui faire perdre son équilibre, sa liberté, sa paix intérieure. Quand on l’isole et l’exclut, il grandit en certitude. Il devient parfaitement disponible pour son Seigneur à la fin.

Ce récit évoque l’itinéraire de ceux et celles qui mettent leur foi dans le Seigneur Jésus? Baptisés dans le Christ, ils vivent de ce contact fondateur. Ils sont toujours en appel d’une rencontre ultime avec lui qui fera toute lumière. Pour l’instant ils évoluent dans l’inconfort de la foi pour un témoignage bien souvent contesté. Mais qu’importe. Une première rencontre initiatique, décisive, les a illuminés. Et ils portent désormais cette lumière comme un précieux trésor. Il leur faut relever le défi de l’expérience chrétienne : celui de témoigner de la grâce du baptême, d’en rendre compte par la vie et le discours, dans l’attente de la pleine manifestation du Fils de l’homme.  Ils sont en mission pour lui, avec lui, dans les temps et les lieux de l’humilité, de la fidélité, au service de la Bonne Nouvelle de l’amour, de la compassion et de la miséricorde de Dieu pour le monde.

Il y a quelques années – soit en mars 2009 – un dimanche, c’était le 15 mars je crois, à l’heure de l’Angelus, le pape Benoît XVI disait à la foule rassemblée sur la place St-Pierre : « Je pars pour l’Afrique conscient de n’avoir rien d’autre à proposer et donner (…) que le Christ et la Bonne Nouvelle de sa Croix, mystère d’amour suprême, d’amour divin qui l’emporte sur chaque résistance humaine et qui rend même possible le pardon et l’amour envers les ennemis… Voilà la grâce de l’Évangile capable de transformer le monde »

Frères et sœurs, le baptême nous a configurés au Christ. Notre gloire et notre force, c’est d’être déjà habités de lui. N’est-il pas lumière en nos esprits, paix en nos coeurs, amour et liberté en nos gestes et paroles, lui le Ressuscité qui nous a déjà réconciliés par le don de l’Esprit Saint?

 

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