Ces jours-ci, des tragédies ont assombri le paysage québécois. Une peine d’amour a conduit un jeune amoureux à un triple assassinat. Un fils a tué son père et la conjointe de ce dernier. À ces cinq victimes, nous pouvons ajouter bien d’autres situations malheureuses. Je pense à la guerre civile en Ukraine, en Syrie et dans l’ensemble du Moyen Orient, de même que dans certaines régions d’Afrique. Je pense aussi, plus près de nous, aux violences qui sévissent dans certaines familles, entre conjoints, entre parents et enfants. Je pense aux méfaits des gangs de rue, aux traitements que subissent les prostituées de la part de leurs clients ou de leurs proxénètes.
La haine fait des ravages. La vengeance sort ses griffes. La rancune mord à belles dents. La colère gifle des innocents. La méchanceté s’en donne à cœur joie.
«L’homme est un loup pour l’homme», disaient les anciens. D’après la Bible, l’horreur n’a pas hésité à faire son nid sur la planète; elle s’est installée en même temps que les premiers humains. Caïn a tué Abel. La jalousie a frappé. Elle a fait naître la haine. Le frère s’est transformé en ennemi.
Depuis les débuts de l’humanité, la violence fabrique des victimes. Elle frappe et, souvent, à l’excès. La haine n’hésite pas à se montrer excessive. La vengeance et la colère versent également dans l’excès. Le mal est rarement discret, rarement délicat. Il agit à l’aveuglette.
Comment réagir devant la haine et la violence? Comment recevoir les coups, ceux que les autres reçoivent, ceux que nous recevons nous-mêmes? Jésus propose à ceux et celles qui veulent le suivre : ne pas riposter au méchant, tendre la joue à celui qui veut frapper, laisser son manteau à celui qui exige la tunique, marcher avec l’adversaire, aimer l’ennemi, prier pour le persécuteur.
Devant l’excès de haine, riposter par un autre excès, l’amour. À la violence, répondre par la non violence. Venger la victime en proposant la réconciliation. Refuser la guerre en travaillant avec autant d’acharnement pour faire fleurir la paix.
Aimer à l’excès. C’est ainsi que Dieu agit de toute éternité. Il aime excessivement. Sa présence au milieu de nous, c’est un excès. Accepter le rejet, la condamnation et la mort parce qu’il nous aime, c’est un excès de la part de Dieu. Ressusciter son Fils pour nous guérir de nos haines, c’est un excès.
Jésus nous invite à être parfaits comme le Père est parfait. À notre tour d’être excessifs. D’aimer jusqu’à la folie de la croix du Christ. D’espérer le bonheur que Dieu promet au-delà de tout bonheur. De croire comme si nous voyons l’invisible.
À cet excès, on nous reconnaîtra pour les disciples de Jésus Christ et les fils et les filles de son Père, notre Père.