L’image est devenue incontournable dans nos sociétés modernes. Elle était déjà importante dans les villages d’antan où la renommée reposait parfois sur l’apparence et quelques ragots. Les magazines à potins surfent allègrement sur cette demande et ne reflètent que le goût morbide pour le détail croustillant qui fige le premier venu pour longtemps.
Que dire de l’image que les autres nous renvoient ? Dans mon village, chaque 2 février se tenait encore il y a peu la Fête de l’Ours au cours de laquelle on en profitait pour faire une mauvaise blague à quelqu’un du pays dont on voulait brocarder les mauvaises manières. Une sorte de prix citron à l’ancienne…
L’autre jour, dans la classe de ma fille, une autre fête de l’ours se tenait, version 2014 : le vote clandestin, dans le dos du professeur de physique ( !) de la personne de la classe qu’on déteste le plus !!!
Ma fille a su que son nom était en bonne position. Il faut dire qu’elle a fait l’objet d’une cabale où de bonnes âmes ont colporté des ragots totalement dénués de fondement.
Et dans la famille ? Quelle image renvoie-t-on, non pas de nous-mêmes, mais des autres à eux-mêmes ? Quelle place faisons-nous à chaque membre de la famille ? A travers les conversations, les échanges, les compliments, les blagues et les sarcasmes, les histoires de tous et de chacun rapportées par les parents, quelle image donnons-nous des autres ? Ne l’oublions pas, nous parents car la question se pose : comme le dit Boris Cyrulnik, nous ne rappelons pas notre enfance mais le récit que nous en font nos parents.
Si nous sommes sous le regard des autres, nous sommes aussi sous le regard de Dieu, totalement transparents. Il nous connaît dès le sein de notre mère et sait mieux que nous-mêmes notre histoire, nos désirs, nos projets, nos motivations et jusqu’à ce qu’il y a mieux pour nous. Cette image que nous projetons est structurante pour notre identité. Mais elle peut être parfois lourde, quelque fois plus légère, toujours au moins en décalage avec notre être profond. Une image invalidante. Déchargeons-nous en aux pieds du Maître ! Devant Lui tel qu’en nous-mêmes, nous pouvons comme Saint-Pierre devant l’interrogation « M’aimes-tu », nous pouvons, dis-je, lui répondre : « Tu le sais bien, tu vois tout ».
Et faire de ce regard d’amour divin, dans la prière quotidienne, l’expérience de la transparence totale. Au-delà de l’image, l’être, et l’être devant Dieu.