Les XXe jeux olympiques d’hiver viennent de se terminer à Turin en Italie. Une longue saga au programme très chargé.
On est venu de tous les coins du monde, surtout des pays où l’hiver a droit de cité. On s’est rassemblé pour des jeux en blanc. Une atmosphère bien différente des jeux d’été se dégageait de l’ensemble de l’événement. Le nez rouge, les pommettes froides étaient au rendez-vous. Malheureusement, la nécessité de s’emmitoufler ou de porter des casques protecteurs ne permettait pas toujours de reconnaître les visages. Il fallait deviner dans le maintien, dans les gestes, dans la vigueur, quelque chose de la personnalité des athlètes.
Les sports nous montrent des hommes et des femmes en bonne santé. Ces jeunes sont en bonne forme. Les muscles sont bien développés. Le corps est agile, souple. La force physique est à son meilleur. Certaines performances révèlent des possibilités insoupçonnées. Les jeux conduisent à des dépassements surprenants. Nous sommes parfois étonnés devant certaines prouesses, dignes des meilleurs spectacles du Cirque du soleil.
La féerie de ces corps d’athlète suscite l’émerveillement. Parfois même, elle réveille des paresseux. Les vieux «bedonneux» aimeraient bien connaître une telle agilité. D’autres se sentent des fourmis dans les jambes. Ils reprennent goût à l’activité physique. Combien de jeunes enfants rêvent de se lancer à leur tour et de faire carrière comme leurs devanciers.
Le sport n’agit pas seulement au niveau du corps. Il développe des qualités humaines. La persévérance des sportifs est admirable. La maîtrise de soi, le courage, l’audace, la détermination: autant de qualités qu’on retrouve chez les bons sportifs. Si parfois la compétition est exécrable, elle peut aussi entraîner des dépassements, une recherche de l’excellence, la fierté de la réussite.
Les jeux des pays du froid n’ont pas empêché la chaleur humaine de se déployer. Pierre de Coubertin aurait été fier de voir ces jeunes manifester leur enthousiasme quand la victoire émergeait au bout de l’effort. Le spectacle était grandiose quand l’équipe canadienne de hockey féminin s’est vu décerner la médaille d’or. Les joueuses le méritaient bien.
Du film de ces XXe jeux olympiques d’hiver, je retiens une scène fort émouvante. Un jeune adolescent en larmes regrettait de ne pas avoir gagné de médaille. Il la voulait cette médaille non pour lui-même mais pour son frère paraplégique. C’est pour ce dernier et avec lui qu’il a tout fait pour gagner le podium. Le handicapé consola son jeune frère: «L’important, ce n’est pas de gagner, mais de par-ti-ci-per.» Et un grand sourire accompagna cette bribe de sagesse. La scène, à mon avis, dépasse les meilleures performances de ces jeux. Si existait une médaille de diamant, c’est à ces deux frères qu’il faudrait la donner.
Derrière l’effort, derrière les performances physiques, derrière les victoires, l’humain jaillit et se déploie. C’est l’essentiel. Saint Paul ajouterait sans doute: «Glorifiez donc Dieu dans votre corps.» (1 Corinthiens 6, 20)
Denis Gagnon, o.p.