Ta lettre vient de me parvenir par courrier postal. Le procédé est peut-être désuet depuis l’avènement de l’Internet. Mais il y a un plaisir particulier à te lire sur papier plutôt qu’à l’écran.
Le plaisir est malheureusement atténué par les nouvelles de ta santé. La médecine ne parvient pas à percer le mystère de ta maladie. Une maladie très rare, pour laquelle il n’existe pas de traitement particulier.
Tu souffres. Tout ton corps brûle et te garde immobile. La souffrance est si intense que tu souhaite mourir. La vie ne te dit plus rien. Tu ne fais plus de beaux rêves. Tu n’espère plus sinon que la faucheuse fasse son travail. Ne vivant pas dans la dignité, tu veux au moins mourir dignement.
Ta vie n’a plus de sens, me dis-tu. Le sens de la souffrance n’est pas toujours évident. En fait, il n’en existe pas. Chaque malade doit s’en inventer un. Ton corps crie sa détresse. Ton esprit perd ses repères. Ton cœur ne parvient pas à faire ses deuils.
Dans les derniers mois de sa vie, un ami regardait Jésus en croix. Lentement, il trouva là un chemin de lumière. Je connais un malade qui vit sa souffrance en pensant à sa petite-fille qui séjourne trop souvent à l’Hôpital Sainte-Justine. Tel autre entreprend le grand voyage de la souffrance en réfléchissant sur la condition humaine, en cherchant le sens de sa fragilité.
Chère Claudine, je te garde bien présente dans mon esprit. Je cherche comme toi, et surtout avec toi. N’arrête pas d’écrire. Nous avons besoin l’un et l’autre de ta quête de sens.
Je t’embrasse.