Aujourd’hui, il me faut demeurer dans ta maison !
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 19,1-10.
Jésus traversait la ville de Jéricho.
Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche.
Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n’y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille.
Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là.
Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »
Vite, il descendit, et reçut Jésus avec joie.
Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un pécheur. »
Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : « Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham.
En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
COMMENTAIRE
« Zachée, descends vite, car aujourd’hui il me faut demeurer dans ta maison ! » C’est ainsi que Jésus s’invite chez un chef de publicains. Il semble très clairement s’imposer ! C’est ce que laisse entendre le petit mot grec rendu par « il faut » et qui exprime la décision ferme de Jésus d’aller chez Zachée. Ce mot revient à plusieurs reprises dans la bouche de Jésus pour traduire le plan mystérieux du Père dans lequel il entre librement (cf. Lc 2,49 ; 4,43 ; 9,22 ; 13,33 ; 17,25 ; 22,37 ; 24,7 et 44) ; il l’emploie tout spécialement pour annoncer sa Passion. Aller chez Zachée est donc pour Jésus une nécessité qui entre dans ce plan mystérieux. Ce qui va se passer chez ce publicain de petite taille va éclairer le sens de la passion imminente de Jésus : en effet, la scène se passe à Jéricho, l’ultime étape avant son entrée à Jérusalem…
L’histoire de la rencontre de Zachée à Jéricho n’est racontée que par saint Luc qui précise intentionnellement que ce chef de publicains était riche. Luc a mis en garde à plusieurs reprises sur le danger des richesses (cf. Lc 6,24 ; 12,16-21 et 33-34 ; 16,13 ; 16,19-31). Celui qui veut suivre Jésus doit tout laisser et, s’il est riche, il doit laisser ses richesses : c’est bien ce que fit Lévi (Lc 5,27) mais c’est hélas ce qu’un homme riche anonyme n’a pas pu faire, ce qui lui a valu de repartir tout triste (Lc 18,18-24). Zachée représente donc ici le publicain type, celui dont tout le monde se méfie, parce qu’il perçoit les impôts pour l’occupant romain. C’est un « pécheur » ! Tous les témoins sont scandalisés : « Il est allé loger chez un pécheur », murmurent-ils. Oui, Jésus a décidé d’entrer et de « demeurer » dans la maison d’un pécheur !
Et cette décision va provoquer un immense bouleversement chez le publicain : d’abord, Luc mentionne qu’il accueille Jésus avec joie. La venue de Jésus chez lui provoque la joie du pécheur, comme les retrouvailles avec la brebis perdue provoquent la joie du berger. La joie est donc à la fois du côté du pécheur et du Sauveur quand ils se rencontrent. Ce que provoque aussi l’entrée de Jésus dans la maison du pécheur, c’est sa conversion : Zachée fait don de ses richesses aux pauvres et indemnise abondamment ceux à qui il a fait du tort. L’arrivée de Jésus dans la maison du pécheur déclenche en lui un changement de vie radical. Le publicain devient disciple et Jésus peut dire : « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison ! »
Cette histoire est extrêmement importante car elle donne le sens de la mission de Jésus qui va s’accomplir dans sa Passion. Comme il le dit lui-même, « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ! » La mission de Jésus est justement d’aller vers ceux qui sont perdus, dans leurs maisons, de manger à leur table pour provoquer leur conversion en leur annonçant par sa venue que le Père est miséricordieux et qu’il leur offre en lui le salut : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs à la conversion » a-t-il dit quand on le critiquait parce qu’il mangeait à la table du publicain Lévi, qui allait devenir l’un des Douze (Lc 5,29-32).
Nous avons, dans cet évangile de Zachée, magnifiquement exprimée la mission de Jésus et le cœur du message évangélique de Luc. On ne peut pas entrer à Jérusalem sans s’arrêter à Jéricho. La rencontre avec Zachée est le préliminaire indispensable pour suivre Jésus dans le drame de sa Passion. Il donnera sa vie pour que tous soient sauvés, pas seulement les justes… Il donnera sa vie pour que tous les pécheurs puissent trouver la réconciliation avec le Père grâce à lui. Luc nous le fait admirablement comprendre dans un autre récit qui lui est propre. Le dernier disciple de Jésus n’est-il pas celui qu’on appelle « le bon larron » ? Ce malfaiteur rencontre son Sauveur sur la croix ; alors Jésus lui dit : « aujourd’hui, tu seras avec moi ». Ce sont presque les mêmes mots qu’il dit à Zachée : « aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison ».
Rencontrer Jésus dans l’aujourd’hui de notre vie, être avec lui, c’est accueillir le salut divin. Seule cette rencontre peut bouleverser les horizons de nos existences et changer notre regard sur le monde. Le croyant devient l’ami de Celui qui, en s’y asseyant, transforme la table des pécheurs en table eucharistique : « il faut festoyer et se réjouir, dit le père de la parabole, parce que ton frère était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé ! » (Lc 15,22). Une dernière remarque : ce n’est pas la conversion de Zachée qui lui a permis d’accueillir Jésus chez lui ; c’est plutôt la venue de Jésus chez lui qui l’a amené à se convertir ! Ce n’est pas toujours ainsi que nous voyons les choses et c’est bien dommage, parce que c’est précisément sur ce point que Luc nous fait signe et nous invite de manière déconcertante à entrer dans le secret de l’Évangile du Christ.
Fr. Dominique CHARLES, o.p.
J’ai bien aimée se site j,aimerais recevoir Les évangiles et êpitres du dimanche avec les homélies. SVP Merci de me répondre.
Bonjour, nous n’offrons pas ce service. Désolé.
Il m’est impossible d’imprimer la suite du texte. À la colonne de droite, les mots sont incomplets. SVP veuillez apporter les correctifs nécessaires. Merci
Je viens de faire un test d’impression et le texte s’imprime au complet, et ce, jusqu’à la fin.