Dans le débat à propos de la charte des valeurs québécoises, il est souvent question de la présence du crucifix à l’Assemblée nationale. Malgré qu’il soit un signe religieux, et même le symbole principal du christianisme, il serait accepté comme faisant partie du patrimoine du Québec.
Québécoises et Québécois ne font pas l’unanimité sur ce point du projet de loi. Bien des non chrétiens considèrent que c’est accorder un statut particulier à une religion plus que les autres. D’autant plus que le catholicisme a occupé une place démesurée, selon eux, dans l’histoire du Québec.
D’autres, et parmi eux bon nombre de chrétiens, applaudissent. Ils voient là une reconnaissance de l’immense travail de l’Église dans l’édification de la société québécoise. Le christianisme fait partie de notre histoire. Il appartient à notre patrimoine. La croix continuerait de veiller sur les délibérations de nos députés. Elle évoquerait une période florissante de la foi en Amérique francophone.
Par contre, classer la croix comme objet patrimonial, n’est-ce pas laisser entendre qu’elle appartient au passé, qu’elle n’est tout au plus qu’un artefact à exposer dans un musée? N’est-ce pas nier la pertinence de la croix dans la vie de l’Église et des croyants d’aujourd’hui? N’est-ce pas ignorer l’actualité du Christ, de sa mort et de sa résurrection? Si noble sera l’endroit où trônera le crucifix, celui-ci demeurera toujours une folie pour les non croyants, un scandale pour d’autres, et la puissance et la sagesse de Dieu pour les croyants (Cf. 2 Corinthiens 1, 23).
Nous ne pouvons pas exiger des non chrétiens qu’ils adoptent le regard que nous portons sur le crucifix. Mais, comme chrétiens, pouvons-nous accepter le regard subtilement réducteur et biaisé que semble annoncer le projet de loi sur les valeurs québécoises?