Quarante-troisième pape, le premier du nom, ses œuvres valurent à saint Léon le Grand le titre de « Docteur de l’Église ». Toute sa vie pastorale, Léon 1er pourfend les hérétiques, prêche à temps et à contretemps, déploie un courage à toute épreuve quand il affronte les Huns commandés par Attila, ainsi que les Vandales ; faiseur de paix, conducteur d’hommes, il a accompli sa tâche d’une façon incomparable : « L’ancienne Eglise n’a pas connu de pape plus complet ni de plus grand ». Lorsque meurt Sixte III, Léon, rappelé d’urgence à Rome, est élu à la succession de Pierre, le 29 septembre 440. Dans ses homélies, il commente l’année liturgique parmi lesquelles on trouve son fameux sermon de Noël : « Aujourd’hui, frères bien-aimés, Notre Seigneur est né. Réjouissons-nous ! Nulle tristesse n’est de mise le jour où l’on célèbre la naissance de la vie… » Léon eut à combattre l’erreur manichéenne et à condamner au concile d’Éphèse (431) Nestorius qui enseignait deux natures distinctes en Jésus Christ : l’homme et le dieu. Au concile de Chalcédoine (451), il condamne Eutyches et le monophysisme soutien d’une seule nature divine en Jésus Christ. Ce lutteur pour la foi a été enfin champion de l’unité de l’Église et docteur de l’Incarnation. Sous son règne, la Rome pontificale prend le pied sur la Rome impériale. Léon 1er s’éteint le 19 novembre 461.
Lorsque les trois mages eurent été conduits par l’éclat d’une nouvelle étoile pour venir adorer Jésus, ils ne le virent pas en train de commander aux démons, de ressusciter des morts, de rendre la vue aux aveugles, la marche aux boiteux, ou la parole aux muets, ni d’accomplir quelque acte relevant de la puissance divine ; non, ils virent un enfant gardant le silence, tranquille, confié aux soins de sa mère ; en lui n’apparaissait aucun signe de son pouvoir, mais il offrait à la vue un grand prodige, son humilité. Aussi le spectacle même de ce saint enfant auquel Dieu, Fils de Dieu, s’était uni, présentait aux regards un enseignement qui devait plus tard être proclamé aux oreilles, et ce que ne proférait pas encore le son de sa voix, le simple fait de le voir faisait déjà qu’il enseignait. Toute la victoire du Sauveur, en effet, victoire qui a subjugué le diable et le monde, a commencé par l’humilité et a été consommée par l’humilité. Il a inauguré dans la persécution ses jours prédestinés, et les a terminés dans la persécution ; à l’enfant n’a pas manqué la souffrance, et à celui qui était appelé à souffrir n’a pas manqué la douceur de l’enfance ; car le fils unique de Dieu a accepté par un unique abaissement de sa majesté, et de naître volontairement homme et de pouvoir être tué par les hommes.
Si donc, par le privilège de son humilité, le Dieu tout-puissant a rendu bonne notre cause si mauvaise, et s’il a détruit la mort et l’auteur de la mort, en ne rejetant pas tout ce que lui faisaient souffrir ses persécuteurs, mais en supportant avec une suprême douceur et par obéissance à son Père les cruautés de ceux qui s’acharnaient sur lui ; combien ne devons-nous pas nous-mêmes être humbles, combien patients, puisque, s’il nous arrive quelque épreuve, nous ne la subissons jamais sans l’avoir méritée ! Qui se fera gloire d’avoir le cœur chaste ou d’être pur du péché ? Et comme le dit saint Jean : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous abusons, et la vérité n’est pas en nous. » Qui se trouvera si indemne de fautes qu’il n’ait rien en lui que la justice puisse lui reprocher, ou que la miséricorde doive lui pardonner ? Aussi toute la pratique de la sagesse chrétienne, bien-aimés, ne consiste ni dans l’abondance de paroles, ni dans l’habileté à disputer, ni dans l’appétit de louange et de gloire, mais dans la sincère et volontaire humilité que le Seigneur Jésus Christ a choisie et enseignée en guise de toute force, depuis le sein de sa mère jusqu’au supplice de la croix. Car un jour que ses disciples recherchaient entre eux, comme le raconte l’évangéliste, « qui, parmi eux, était le plus grand dans le Royaume des cieux, il appela un petit enfant, le plaça au milieu d’eux et dit : En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez pas et ne devenez pas comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme cet enfant-là, voilà qui sera le plus grand dans le Royaume des cieux. »
Le Christ aime l’enfance qu’il a d’abord vécue et dans son âme et dans son coeur. Le Christ aime l’enfance, maîtresse d’humilité, règle d’innocence, modèle de douceur. Le Christ aime l’enfance, vers elle il oriente la manière d’agir des aînés, vers elle il ramène les vieillards ; il attire à son propre exemple ceux qu’il élève au royaume céleste.