Athanase (303-361), un des grands évêques de l’Église du 4e siècle, de nouveau persécutée et d’atroce façon. Malgré en outre les difficultés de l’époque tourmentée par la crise arienne et la désertion de certains collaborateurs, Athanase ne cessa de garder le cap et de soutenir la foi des siens tout en orientant ses ouailles vers la perfection chrétienne. Alexandre, nouvel évêque d’Alexandrie l’avait très jeune pris sous sa protection, il en fit plus tard son secrétaire. Le 7 juin 328, Athanase devait succéder à son vieil évêque, devenant de ce fait à 30 ans le deuxième personnage de l’Église. Une partie du clergé craignit la venue de ce jeune pontife intègre dans sa conduite et d’une foi invulnérable. A Pâques 354, Athanase voulut célébrer les offices dans une cathédrale dont la construction n’était pas terminée. « J’ai agi ainsi, proclama l’évêque aux fidèles humiliés, pour éviter qu’une fois encore femmes et enfants ne s’évanouissent en raison de l’exiguïté du temple. J’ai agi ainsi, non pour supprimer la fête de la dédicace de l’église terminée, mais pour aider le peuple à mieux prier. » C’est dans cet esprit qu’il faut lire la LETTRE PASCALE tout en évoquant entre les lignes les difficultés que son auteur dut vaincre avant d’en arriver à la paix ecclésiale.
Il est beau mes frères, de passer d’une fête à l ’autre, d’une prière à une autre, d’une solennité à une autre. Voici en effet ce temps qui nous apporte un nouveau commencement et la connaissance de la bienheureuse Pâque, où le Seigneur fut immolé. Certes, nous mangeons l’aliment de vie et nous réjouissons notre âme en buvant à ce sang précieux comme à une source ; et pourtant nous avons toujours soif, nous sommes toujours brûlants. Lui-même s’offre à ceux qui sont altérés ; dans sa bonté, il admet à la fête ceux dont les entrailles sont desséchées ; comme disait notre Sauveur : Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive.
On n’étanche pas sa soif seulement quand on s’approche ; mais chaque fois qu’on demande, on obtient facilement d’approcher le Sauveur. La grâce de cette fête n’est pas limitée à une époque et son splendide rayon ne souffre pas de déclin ; il est toujours prête à éclairer l’esprit de ceux qui le veulent. Sa puissance brille continuellement en ceux dont l’âme est éclairée et qui s’appliquent aux livres saints jour et nuit. Ainsi l’homme qui est appelé heureux dans le psaume : Heureux l’homme qui n’est pas allé à la réunion des impies, et qui ne s’est pas arrêté sur le chemin des pécheurs, qui ne s’est pas assis dans l’assemblée des corrompus, mais qui s’attache à la loi du Seigneur, qui médite cette loi jour et nuit.
Ce grand Dieu, mes bien-aimés, qui au début institua cette fête de Pâque, nous accorde de la célébrer chaque année. Lui-même, qui a livré son Fils à la mort pour notre salut, nous accorde pour le même motif cette sainte fête qui a sa place fixée dans le déroulement de l’année.
Cette fête nous dirige au milieu des épreuves qui nous assaillent en ce monde ; et maintenant Dieu nous procure la joie du salut qui émane de cette fête. En effet, il nous réunit en une seule assemblée, dans un rendez-vous spirituel qui se réalise partout ; il nous permet de prier en commun, d’offrir ensemble nos actions de grâce, comme il faut le faire un jour de fête. C’est le miracle de sa bonté : lui-même rassemble pour cette fête ceux qui sont au loin ; et ceux qui peuvent être distants corporellement, il les rapproche dans l’unité de la foi.