De saint Augustin, un extrait de l’homélie sur le psaume 149. Qui pourra jamais faire le tour des œuvres de ce grand père de l’Église ! Orateur, écrivain, polémiste, il fut nettement l’inspiration de son temps et si l’on peut dire l’âme et le cœur de toute la théologie affective et de ses promoteurs en commençant par saint Bonaventure. Saint Augustin a vécu sa relation avec Dieu en s’inspirant de l’expérience définie par l’apôtre Jean : « Celui qui aime connaît Dieu car Dieu est amour ». Toutes les personnes passées dans sa vie à un titre ou l’autre, Monique sa mère, Adéoda son ami, Ambroise son éducateur, tous ont été l’objet de ses attentions et pour un temps sa raison de vivre. Dans cet extrait, le saint évêque d’Hippone (354-430) témoigne à notre avantage d’une vie qui devient le plus beau des chants d’amour, le plus retentissant des Alléluias de Pâques : le Cantique nouveau.
Chantez au Seigneur un chant nouveau, sa louange est dans l’assemblée des fidèles.
Nous sommes invités à chanter au Seigneur un chant nouveau. « L’homme nouveau » connaît ce chant nouveau. Le chant est affaire de joie et, si nous y réfléchissons plus attentivement, il est affaire d’amour. Donc, celui qui sait aimer la vie nouvelle sait chanter ce chant nouveau. Qu’est-ce que la vie nouvelle ? Nous y sommes invités à cause du chant nouveau. Car tout appartient au même royaume : l’homme nouveau, le chant nouveau, le testament nouveau.
Chacun aime, mais on doit chercher quel est l’objet de cet amour. Par conséquent, on ne nous demande pas de renoncer à l’amour, mais de choisir ce que nous devons aimer. Mais que pourrions-nous choisir, si d’abord nous ne sommes choisis ? Écoutez l’apôtre Jean : Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. Cherche comment l’homme peut aimer Dieu, et tu ne trouveras absolument rien d’autre que ceci : c’est Dieu, le premier, qui l’a aimé. Celui que nous avons aimé s’est donné lui-même, il s’est donné pour que nous ayons de quoi aimer. Qu’a-t-il donné pour que nous ayons de quoi aimer ? Sachez-le plus clairement en écoutant l’Apôtre Paul qui dit : L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs. D’où cela vient-il ? De nous ? De qui donc ? Par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
Puisque nous avons une telle garantie, aimons Dieu de par Dieu. Écoutez cette parole plus explicite de saint Jean : Dieu est amour. Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. Il ne suffit pas de dire : L’amour vient de Dieu. Mais qui d’entre nous oserait dire comme saint Jean : Dieu est amour ? Celui qui a dit cela savait ce qu’il avait en lui.
En un mot, Dieu s’offre à nous. Il nous crie : aimez-moi et vous m’aurez en vous. Car vous ne pouvez même pas m’aimer si vous ne m’avez pas en vous.
Mes frères, mes fils ! Enfants de l’Église ! Plantation sainte et céleste ! Vous qui êtes régénérés dans le Christ et qui avez reçu la naissance d’en haut, écoutez-moi, ou plutôt écoutez par ma voix : Chantez au Seigneur un chant nouveau ! Eh bien ! dis-tu, je chante. Tu chantes, oui, tu chantes, je l’entends. Mais il ne faut pas que ta vie porte témoignage contre tes paroles.
En cette Pâque du Seigneur, chantez avec la voix, chantez avec le cœur, chantez avec la bouche, chantez par toute votre vie et chantez avec l’assemblée des fidèles : Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez comment chanter celui que vous aimez ? Car, sans aucun doute, tu veux chanter celui que tu aimes. Tu cherches quelles louanges lui chanter ? Vous avez entendu : Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez où sont ses louanges ? Sa louange est dans l’assemblée des fidèles. La louange de celui que l’on veut chanter, c’est le chanteur lui-même. Vous voulez dire les louanges de Dieu ? Soyez ce que vous dites. Vous êtes sa louange, si vous vivez selon le bien.