Le Christ ne cesse de nous aimer même lorsque nous croyons ne pas l’aimer. Le Christ, qui est Verbe, qui est, ne se réduit pas au succès apparent ou non de sa cause parmi les hommes, à travers les siècles. p. 63
Quelle sorte d’hommes serions-nous si le Christ n’était pas venu ? Que devenons-nous en le perdant de vue, en croyant que nous nous connaissons mieux, en tant qu’humains, que lui-même nous connaît? Jésus Christ est le seul vrai homme, le Fils de l’homme qui n’occulte pas le Mystère de Dieu en s’incarnant, mais nous achemine vers Lui, à travers le Mystère. Et c’est en lui que l’Esprit Saint s’habitue au genre humain pour l’habiter, pour « opérer [… ] la volonté du Père » et le renouveler dans la « nouveauté du Christ » (saint Irénée). p. 65
C’est ainsi, en l’approchant de plus près, que j’en suis venu à dire que sans le Christ, le Christ des Évangiles, je n’aurais plus de voie vers Dieu. Que j’avais besoin du Fils incarné pour croire au Père. Pour entrer dans Son intimité sans craindre les brûlures, c’est-à-dire Son travail avec des dards de feu qui percent nos ténèbres et nous purifient, nous allègent. Et croire, pour moi, en ce sens-là, c’est aussi témoigner du Christ, le soutenir sous l’ironie, sous le silence ou le mépris de ceux que j’estime, et même d’être tenu pour un idiot par mes dissemblables, notait Jean Guitton.
Les évangélistes, faut-il le redire, rapportaient une mort infamante de Jésus sur la croix qui ne pouvait qu’accabler, humilier tout disciple par sa forme d’échec impitoyable. Ce que tout écrivain fabulateur, mythologisant n’aurait jamais voulu imaginer. On n’invente pas Jésus Christ, il a trop d’exigence, et une croix trop lourde et râpeuse pour nos épaules. En somme, nos témoins rapportaient ce qui aurait dû empêcher la naissance et l’expansion du christianisme, s’ils n’avaient pas voulu témoigner particulièrement des faits et de la foi ardente qu’ils avaient en Jésus ressuscité, Messie et Seigneur, seule voie vers le Père. p. 72