Chiheb Esseghaier, un des deux comparses qui auraient tenté de faire sauter un train de Via Rail, refuse d’accorder toute autorité au Code criminel. Pourquoi? Parce que, dit-il, ce n’est pas un «livre saint». Ce n’est ni le Coran, ni la Bible. Là-dessus, le présumé terroriste a raison.
Il a raison aussi de croire que nous pouvons nous tromper dans l’application des lois civiles ou criminelles. Mais on peut aussi mal interpréter le Coran ou la Bible. Nous lisons ces Saintes Écritures avec nos yeux et nos intelligences d’hommes et de femmes qui peuvent errer. L’histoire des études bibliques fourmille d’exemples de mauvaises interprétations. Il ne faut pas pour autant s’interdire de lire la Bible ou de méditer le Coran. Le Créateur n’arrête pas de s’adresser à nous, même si nous pouvons mal comprendre ses messages.
D’ailleurs, la Parole de Dieu ne se limite pas à ce que nous livre la Bible ou le Coran. Dieu nous rejoint de mille façons. Créateur de tous les univers, ces univers en portent les traces. Comme les œuvres des artistes et les travaux des scientifiques, la création reflète son auteur. Un psaume nous le rappelle : «Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains, le jour au jour en livre le récit, et la nuit à la nuit en donne connaissance.» (Psaume 19(18)) L’univers est une grande Bible, un livre saint. La Parole de Dieu y est enchâssée comme la pierre précieuse du joaillier.
«Pas de paroles en ce récit, pas de voix qui s’entende; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde.» (Psaume 19 (18)) Dieu s’exprime là-dedans. La beauté d’une fleur laisse deviner la beauté de Dieu. La migration des oiseaux, le parcours des saisons, le déploiement des étoiles, tout parle de Dieu, tout est expression de son intelligence et de son amour.
Au sommet de son œuvre trône l’être humain. Par excellence, image de Dieu. Un autre psaume le célèbre : «Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur.» (Psaume 8)
Le psaume va même plus loin : «Tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds». Puisqu’il en est ainsi, ne faut-il pas accorder de l’importance au travail humain? Sa manière de vivre en société n’est-elle pas respectable? En ce sens, ne faut-il pas accorder une certaine autorité aux lois que nous nous donnons pour un mieux vivre ensemble? N’y a-t-il pas présence de Dieu dans nos codes civil et criminel? Notre justice n’est-elle pas proche parente de la justice de Dieu?
Sans aller jusqu’à canoniser le code criminel canadien, nous devons lui accorder de la crédibilité. Il est, à sa façon, reflet de l’harmonie que nous cherchons à établir entre nous. Une harmonie qui s’inspire de nos livres saints, que ce soit le Coran ou la Bible, que ce soit l’une ou l’autre des grandes sagesses qui traversent les siècles.