Quand je t’imagine, Marie,
Attendant celui qu’on appellera Jésus,
Je ne te vois pas du tout comme sur les pieuses images
Où tu médites l’Écriture avec les mains jointes.
Tu n’étais pas un mythe, ni une figure de contes de fées,
Mais une vraie petite jeune femme de chair et d’os
Qui avait conçu un véritable enfant.
Je ne crois pas te manquer de respect
Si ton attente, pour moi, est quelque chose de très concret.
Je te vois Marie,
É tendue sur ta couche au creux de la nuit silencieuse,
Les yeux grands ouverts dans les ténèbres,
Et ta main,
Sur la courbe toujours plus insolite de ton ventre gonflé,
Guette les messages de celui qui t’habite,
D’une paume attentive comme une oreille tendue.
Alors, quand il tressaille et qu’à travers ta chair
Tu sens distinctement l’invisible présence,
Une vague d’amour vient déferler sur toi,
Faisant monter les larmes à tes yeux, le sourire à tes lèvres
Et, du fond de ton cœur, le désir éperdu
De le voir enfin, celui qui est en toi,
De découvrir son visage,
De pouvoir lui ouvrir tes bras,
Lui manifester ta tendresse
Et de connaître un jour le soleil de son sourire…
Marie de l’Attente,
Apprends-nous à guetter de la même façon
Les messages de Dieu dans notre vie,
De ce Dieu qui veut bien
Habiter au plus profond de nous,
Lui qui, comme l’enfant à naître,
Est à la fois présent et à venir
Alors, émerveillés,
Au lieu de craindre sa venue
À la manière d’une femme qui s’angoisse d’accoucher,
Nous serons submergés d’amour
Dans le lumineux désir
De le voir enfin face à face.