Ce temps précieux, Seigneur, dont je suis si avare,
je n’ai rien de plus précieux à t’offrir,
aussi me voici devant toi,
et je le laisse couler goutte à goutte, inutile.
Les lentes minutes que j’ai décidé
de brûler devant toi, les voici,
vides, vidées de tout pour toi.
Je suis confus de ne pas savoir mieux les remplir
et d’être là, tout interdit, vaguement ennuyé,
harcelé par ces choses que j’ai voulu écarter
de cette heure pour te la donner, mais
qui reviennent battre contre les parois de mon âme,
et je ne sais comment les faire taire.
Pardonne ma distraction,
ma maladresse et mon ennui.
Je crois en toi, je crois à ton agir en moi,
et je laisse couler le temps dans cet acte de foi,
et je t’offre ainsi en libation cette heure unique,
cette heure irremplaçable de ma vie qui s’écoule
Sr. Jeanne D’Arc
(Un cœur qui prie, cerf. 1966)