Il y a une vingtaine d’années, le chanteur québécois Gerry Boulet a fait un malheur avec une chanson intitulée Les yeux du cœur dont le refrain dit :
Aujourd’hui je vois la vie
Avec les yeux du cœur
J’suis plus sensible à l’invisible
À tout ce qu’il y a à l’intérieur .
On n’est pas loin du secret que le renard confie au Petit Prince : L’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur.
Ainsi donc, l’époque contemporaine n’est pas du tout insensible à une sagesse qui est millénaire et universelle : l’important, c’est l’intérieur. Il y a près de deux mille ans, Jésus, « qui savait ce qu’il y a dans l’humain » (Jean 2 25), n’a pas manqué de comparer certains des scribes de son temps à « des tombeaux tout blancs qui paraissent beaux à l’extérieur mais qui, à l’intérieur, sont pleins d’ossements de mort et de toute sorte de pourriture. Vous de même, poursuivait-il, à l’extérieur vous paraissez bons aux yeux des gens, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal » (Matthieu 23 27-28). Jésus était lui-même héritier d’une longue tradition pour qui « l’être humain ne peut voir que l’apparence : Dieu, lui, regarde au cœur » (1 Samuel 16 7).
Mais pour voir ainsi par l’intérieur, il faut être soi-même intérieur. Une autre manière de parler de la vie spirituelle, c’est de parler de vie intérieure. C’est justement parce qu’elle est intérieure qu’elle n’est pas facile à reconnaître. Plusieurs associent spontanément l’intériorité avec le silence, le calme, la lenteur, la paix, la douceur. Ils s’imaginent qu’on la cultive dans la méditation ou l’arrêt de toute activité. C’est là une vision bien romantique de la vie intérieure. La vie spirituelle n’est pas affaire d’apparence.
Il y a certes l’intériorité paisible du moine tibétain ou de la moniale cistercienne, mais il y a également l’intériorité vibrante de l’artiste qui crie son poème, lance sa peinture sur la toile ou imagine des formes virtuelles fantastiques sur son écran d’ordinateur. Il y a bien l’intériorité sereine du promeneur solitaire, mais il y a également l’intériorité brûlante du militant qui décide de poursuivre avec d’autres son combat politique au risque de sa vie.
Certains entrent en eux-mêmes grâce à la solitude ou en s’enfonçant dans la nature. D’autres entrent en eux-mêmes grâce à la rencontre de l’autre, l’écoute mutuelle ou le combat partagé. Il y en a qui ont besoin de longs moments de recueillement, d’autres pour qui deux notes de musique ou une grande tache de couleur suffisent pour les mettre en harmonie avec le fond de leur être.
Ainsi donc, l’intériorité ne se mesure pas à la fréquentation des multiples chemins qui y conduisent. Elle se laisse plutôt reconnaître à la vérité et la transparence de l’être, la disponibilité au réel et l’ouverture à ce qui bouscule et dérange, la souplesse confiante devant les appels de la vie et la persistance d’un désir béant que rien ne vient éteindre.
À spiritualite2000.com, nous célébrons ce mois-ci notre troisième anniversaire d’existence. Vous êtes maintenant près de 900 à nous visiter chaque jour. Nous savons que les chemins de l’intériorité sont multiples et que, pour l’un, ils passent par la rencontre de témoins, pour l’autre par l’œuvre d’art, pour un autre encore par la Bible et pour un quatrième par la prière. D’autres grandissent en intériorité par le dialogue dans le cadre du forum ou en contactant un de nos accompagnateurs spirituels. Nous savons, par les témoignages que vous nous envoyez, que ce site est pour vous un véritable chemin d’intériorité. Nous profitons de l’occasion pour vous remercier de votre fidélité à nous fréquenter. Et pour vous confier un secret : tous les membres de l’équipe de spiritualite2000.com sont pressés, de par le défi mensuel ou hebdomadaire qu’ils relèvent, d’être eux-mêmes et elles-mêmes des personnes d’intériorité. Pour cela aussi, nous devons vous dire merci.
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