Notre fils aîné est venu l’autre jour avec son amie nous annoncer leur projet de mariage.
Moment de joie partagé dans toute la famille. Nous trinquons ensemble en écoutant le récit de la demande (très romantique) de notre fils. Nous connaissons notre future bru depuis quelque temps déjà et nous nous réjouissons de l’accueillir dans notre famille.
Mais de quelle famille s’agit-il ?
Mon épouse et moi l’avons fondée depuis notre propre mariage en 1988 et surtout à la naissance de notre premier-né. Les frères et sœurs se sont ajoutés. La grande aventure de la famille s’est poursuivie au long des années : les travaux et les jours, les déménagements, les voyages en France, les tablées avec les belles-mères, les « belles-tantes », puis les deuils de nos parents, les enfants qui grandissent puis qui quittent les uns après les autres le foyer. Dur apprentissage pour un parent que de lâcher prise et de voir combien cette déprise nous rend plus transparent dans la vie de nos enfants. C’est crucifiant mais c’est aussi sain que de voir le lien devenir plus lâche. La vraie quête de l’individu passe par là, la sanctification du parent sans doute aussi.
Si le grain ne meurt, il ne peut porter du fruit (Jean 12,24). La famille est donc cette graine qui finit par éclater pour donner plus, pour réaliser la potentialité qui était en germe.
Nous croyons accueillir quelqu’un de plus dans notre famille mais en réalité, nous nous accueillons mutuellement dans une famille plus grande, plus large, plus ouverte aux quatre vents. L’autre qui m’était étranger, devient concrètement un membre de ma famille. Tous les hommes sont frères dit l’adage. La famille qui s’élargit est le moyen très actualisé de réaliser combien l’humanité est une quand nous concevons qu’un seul étranger devient notre frère, notre sœur.
Aimons-nous les uns les autres en ce monde car au fond, rien de ce qui est étranger ne relève de ma famille, aussi grande soit-elle.