Que devons-nous faire?
Que vais-je faire? La question était justifiée. L’homme était béni, favorisé. Tout
allait si bien pour lui. Qu’allait-il faire? Il était débordé. Il manquait d’espace devant une
telle abondance. Comme Joseph en Égypte, il lui fallait profiter de la situation. On ne sait
jamais ce qui va arriver dans le futur. Il y a sagesse à tirer parti de la chance quand elle
passe. Augmenter la capacité de ses greniers, c’était logique. Pour se faire des provisions.
Notre homme avait de la chance. Sans doute était-ce aussi le fruit de son travail. Il n’y a
pas lieu de douter a priori de son honnêteté.
Mais que lui fallait-il faire aussi ? C’est aussi la question qui tue! Selon la réponse
qu’on lui donne.
Ce qui étonne chez cet homme, c’est l’égocentrisme et l’enfermement qui le
caractérisent. Il est content de lui. Il s’applaudit. Il ne considère ni Dieu ni les autres. Il
n’a de référence que pour lui seul. Aucun signal chez lui d’une volonté de partage avec
les autres. Aucun signal de gratitude. Il est comme si tout venait de lui seul et ne revenait
qu’à lui seul. Il fonctionne à courte vue, alors même qu’il pense assurer sa vie pour
longtemps, son confort et son bien-être pour une longue durée.
« Tu es fou. Cette nuit même on va te redemander ta vie. » En d’autres mots, ce ne sont
pas tes biens qui vont te sauver. Ta vie ne t’appartient pas. Tu es un être mortel et
foncièrement fragile. Alors cette vie que tu as reçue, il te faut la vivre autrement si tu y
tient vraiment. Tu n’es pas ton seul maître, pas plus que tu es l’unique responsable de ta
destinée. Tu n’es pas le Seigneur de tes jours.
La solution pour notre homme, c’était de se tenir dans l’humilité, de penser à Dieu,
de penser aux autres. En se gardant bien d’amasser pour lui seul. Car ce serait abusif et
tout à fait inutile. Être riche en vue de Dieu, c’était s’engager envers son prochain, porter
les autres dans son cœur, devenir un être