Les amis de la Paix!
Tout le monde est heureux que l’été soit enfin arrivé. On en profite pour aller dehors et voir les gens. L’Évangile nous parle aujourd’hui d’une grande sortie. Jésus envoie soixante-douze disciples en mission. Et la première chose qu’il leur demande, c’est de prier pour que d’autres ouvriers participent à la moisson. Une façon de nous dire qu’il y a pénurie de mains-d’œuvre et que nous sommes tous concernés. Et que le chantier nous dépasse, qu’il nous attend, comme une moisson inépuisable à engranger.
Le Seigneur envoie les 72 devant lui, là où lui-même allait venir. Ils annonceront la proximité du Règne de Dieu, proclamant cette venue par leur présence, leur témoignage. Ils ont mission d’apporter la paix, l’amour de Dieu, sa miséricorde, produisant même des guérisons. Les disciples ne doivent rien emporter avec eux qui puissent leur permettre de s’imposer. Ils iront pauvres et vulnérables. Jésus ne leur cache pas que leur parcours sera dangereux : ils seront comme des agneaux au milieu des loups.
S’il leur arrive d’être mal reçu, ils iront ailleurs. Ils n’insisteront pas davantage. Ils garderont leur pleine liberté et la paix offerte leur reviendra. Une façon encore de dire que la mission n’est pas vraiment la leur, qu’elle est d’abord celle du Christ, et plus encore la mission du Père, de son dessein d’amour et de miséricorde, l’annonce d’un Salut en train de s’accomplir par la venue de son Fils.
Il est dit que les 72 disciples sont revenus tout joyeux de cette expérience. Ils crient victoire! « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » Jésus voit-il une ambiguïté dans le bilan qu’ils lui font? Il les invite à considérer plutôt que leurs noms puissent être inscrits dans les cieux. Là est la vraie victoire, leur seul gage de réussite.
La réussite, ce n’est pas le constat que nous portons sur l’aboutissement de notre mission actuelle. Nous voyons bien nos limites, les échecs et les résistances de l’heure. Nous avons de quoi céder au découragement, à la tristesse plutôt que chanter victoire.
Il fait bon, dans la liturgie de ce dimanche, entendre les propos du Prophète Isaïe, lus en 1ère lecture. Ce sont là des paroles qui nous apportent confiance et encouragement. Vers l’an 535 av. Jésus Christ, les Juifs revenaient de l’exil. Après l’enthousiasme du retour, c’était le désenchantement. La Ville sainte, Jérusalem, avait été détruite par l’envahisseur, 50 ans plus tôt. Il fallait tout reconstruire. Les gens étaient découragés. « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve, leur dit le prophète, et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » … Comme un enfant que sa mère console, je vous consolerai. … Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs ». Quoi dire de plus réconfortant? Quand Dieu parle ainsi, c’est qu’il a vu une détresse, un besoin de consolation. C’est aussi qu’il va bientôt agir.
Saint Paul nous a rappelé, en 2e lecture, une réalité très importante, à ne jamais oublier : au cœur de notre foi, il y a la Croix du Christ, le mystère pascal. Paul a vécu dans son corps ce mystère. Là était son trésor et sa fierté!
Rappelons-nous aussi le contexte où nous sommes dans l’Évangile, alors que les disciples sont en route vers Jérusalem avec le Christ. C’était au cœur du message de dimanche dernier. Jésus est à la veille de vivre sa passion et sa mort. Ses disciples sont appelés à le suivre sur cette route. Comment échapperions-nous à l’épreuve? L’important, c’est d’être avec le Christ, de prendre notre force dans sa croix glorieuse. Forts de l’amour du Père, tout entier ancrés dans sa miséricorde infinie, nous passerons la mort avec le Fils.
Que cette eucharistie soit pour nous le rappel de cette vérité. Elle nous donne de participer, dans l’intime de notre vie et en communauté sainte, à ce mystère d’amour et de paix, la Victoire du Christ mort et ressuscité pour nous.