Marc Rey, né à Sigmaringen (Allemagne), en 1577, était tellement doué que ses camarades de collège l’appelaient : «le philosophe chrétien». Mieux encore, à la fin de ses études de droit, devenu avocat, à Colmar, son souci pour les pauvres et les malheureux l’avait fait baptiser «l’avocat des pauvres».
Poussé par la grâce, il décida subitement d’entrer chez les Capucins de Fribourg, et il y prit le n’om de “Frère Fidèle. Peu de temps après, cependant, une crise de conscience très aiguë, l’amena à se demander s’il avait fait un bon choix. Il craignait que les «talents» qu’il avait confiés à Dieu ne fussent perdus. Il devint alors obsédé par l’idée que les biens de sa famille, auxquels il avait renoncé, auraient été mieux utilisés par lui que par ceux qui en avaient hérité. Un saint religieux l’assista cependant dans ce combat et lui rendit finalement la paix de l’âme.
Grand contemplatif, élu supérieur de sa communauté, il opéra de nombreuses conversions et risqua sa vie, durant une épidémie de peste, pour aider les victimes. Surtout prédicateur il combattit l’hérésie calviniste, en Allemagne et en Suisse.
Le24 avri1 1623, dans le bourg de Sévis, il fut assailli par une bande d’hérétiques qui voulaient le contraindre à renier le catholicisme. Il répondit: «Je ne crains pas la mort; je défends la vérité qu’ont soutenue les martyrs; ma cause est la leur, leur sort sera le mien. Au sortir de l’église, un hérétique l’assomma et un autre le poignarda, pendant qu’il criait «Mère de Dieu, assistez-moi!
Rappelons-nous un moment à ce propos l’hérésie calviniste. Calvin fit de brillantes études dans les meilleures écoles à Paris, s’orienta vers le droit, et y subit une double influence: celle des humanistes et celle de Luther. Il a prétendu que Dieu lui-même, par une conversion subite, avait amené à la docilité son cœur par trop obstiné en raison de son âge. Calvin était par nature un censeur si véhément de tout et de tous, que ses camarades l’avaient baptisé: «le cas accusatif». Passé à la Réforme, il fonda finalement sa propre Église, toujours caractérisée par une grande rigueur spirituelle, poussée parfois jusqu’au fanatisme.
La société calviniste misa toujours beaucoup sur l’éducation, dans un contexte de rigidité qui menaçait parfois le respect de la liberté individuelle, mais s’accompagna d’une grande promotion de la dignité de l’homme, image de Dieu.
Edmond Robillard, o.p. Saints et saintes de la liturgie p.79 Éditions Maxime, Montréal 1999