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Éditorial,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Éditorial

Qui dit vrai !

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

 

Avec tout ce qu’on nous raconte au sujet de la guerre en Ukraine, nous avons de quoi restés pantois et perplexes. Bien sûr, nous sommes du côté de l’Occident. Nous sommes grandement heurtés par la façon violente avec laquelle les Russes sont entrés là-bas, dans un pays qui n’était pas le leur. Ce là-bas est devenu un peu notre chez nous. Nous sommes l’Ukraine! Notre pays d’adoption immense est pris d’assaut. On en veut à notre liberté, à notre libre détermination. Nous sommes tout le contraire de ce que laisse voir d’elle-même l’énorme et brutale machine soviétique, la Russie dominée par la dictature de l’unique Vladimir Poutine.

Tranquillement pourtant, ce qui était noir ou blanc devient gris, nuageux, constellé de demi-vérités. Après tout, les choses ne sont peut-être pas si simples. Il y a une histoire derrière ce qui se passe là-bas. Ces gens vivent les aboutissements historiques d’un long et durable contentieux. Et la confusion s’installe et brouille les cartes des relations entre deux pays dont les franges ne sont pas si certaines de leur allégeance véritable.

Or, pendant ce temps où la confusion risque de s’installer dans nos têtes, il y a là-bas l’ennemi qui rôde et qui tue. Il y a des milliers d’hommes et de femmes et d’enfants laissés pour morts sur le sol de leur village, dans leurs maisons. Des quartiers et des villes sont assiégées et pilonnées. L’horizon de la destruction s’élargit. Et nous en avons plein les yeux de ces images désolantes. Elles hantent nos pensées, notre sommeil.

Il est à prévoir que, tranquillement, nous passerons à autre chose. Nous porterons attention à l’une ou l’autre de ces nouvelles d’importance qui nous rejoignent au quotidien. Elles s’amènent en bulletins spéciaux et finalement elles nous sont ramenées en boucles : tantôt ce fut le décès de Guy Lafleur, notre étoile nationale, tantôt c’était la Nième vague de la Covid-19 et tous ses malheurs, tantôt ce furent les élections en France ou ailleurs, tantôt c’est la saga des « jeux politiques » au Québec et au Canada, et puis aussi les transactions de Twitter, les menaces dramatiques à l’environnement, etc. Tout y passe dans un fil continu de nouvelles disparates. Un flot incessant d’informations déferle jusqu’à nous étourdir. C’est une marée montante. Nous avons peine à tenir les pieds au sol pour n’être pas emportés.

Qu’est-ce qui peut alors nous empêcher de partir à la dérive en nous donnant les repères indispensables? Comment bien juger de ce qui nous est raconter? Y a-t-il quelque point d’ancrage à quoi nous fier? Où trouver notre assurance dans un monde qui évolue tellement vite?

Bien sûr, pour le croyant, il y a Dieu. Dieu plus fort que la mort. Dieu plus grand que tout. Dieu qui aime sa créature jusqu’à la laisser libre. La résurrection du Christ et l’annonce de notre relèvement nous ouvrent à une espérance formidable, qui relativise tout le reste. Le témoignage des Écritures nous instruit en ce sens. L’enseignement de l’Église et la réflexion théologique et pastorale nous donnent confiance.  Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes en état d’alliance avec Dieu, en état de communion avec nos frères et sœurs dans la foi. Au cœur de cette posture existentielle, nous vivons dans la prière et nous tournons nos pensées vers Dieu, vers Celui qui est parfaitement vrai, parfaitement stable et bon, libre de toute manipulation médiatique.

Loin de nous contraindre à quelque dogmatisme durcie, l’Évangile nous livre l’appel répété du Christ à la vigilance? « Veillez! » Le Seigneur nous le demande avec force et insistance. Or, veiller, ça fait appel à notre intelligence, à notre fidélité, à notre sens des responsabilités. Veiller, c’est le contraire de se laisser emporter par les influenceurs et les propagandistes. Veiller, ça nous oblige à pondérer les nouvelles. Veiller, c’est ne pas se laisser emporter par les seules émotions. Veiller nous oblige à bien gérer l’information, à garder un bon sens critique. Nous ne nous laisserons pas submerger ou manipuler par quelque propagande calculée.  Nous veillerons à découvrir les véritables enjeux pour mieux discerner ce qui est juste et ne pas tomber dans la naïveté. Nous veillerons sur notre liberté pour être capables de nous retrouver à tout prix du côté de la vérité. Cela ne veut pas dire ne rien faire. Cela augmente nos chances d’agir dans la lucidité, avec compassion, dans la droiture et la charité, pour la justice et pour la Paix.

Jacques Marcotte, O.P.

Québec, QC

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