Au Nom du Père!
Les brèves paroles de l’évangile sont une réponse de Jésus à la question des autorités juives : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le-nous ouvertement ! » La scène se passe dans les portiques du temple. C’est l’hiver. L’ambiance est tourmentée et tendue. Jésus répond à la requête qu’on lui fait sur le même ton que celui de ses interlocuteurs. Les mots sont forts. Les expressions, tranchées. Jésus est bien le Messie, le Christ. Mais ce qu’il leur dit ne correspond pas à l’idée qu’ils se font du Messie, d’un messie à leur façon, qui ne les surprendrait pas trop, qui serait conforme à leurs plans.
En fait Jésus nous plonge tous dans le mystère de son être de Fils de Dieu, qui est en communion intime et parfaite avec son Père. Il utilise l’image qu’on retrouve fréquemment dans les psaumes, chez les prophètes, souvent présente dans le monde rural à l’époque, celle du berger au milieu de ses brebis, de la relation particulière entre les brebis et leur berger. La réponse de Jésus sur son identité ne l’amène donc pas à parler de lui-même, mais à se définir en rapport avec ceux et celles dont il prend soin, et en rapport, bien sûr, avec le Père dont il est tellement proche jusqu’à ne faire qu’un avec lui, jusqu’à épouser sa volonté bienveillante à l’égard de ceux qu’il lui confie.
La réponse de Jésus est tellement claire que les gens ne s’y trompent pas. Aussitôt après cette prise de parole, il est même dit, dans le texte de Jean, qu’on a voulu alors le lapider tellement ce qu’il disait choquait et scandalisait les autorités religieuses. Jésus se disant, à toute fin pratique, l’égal de Dieu, Dieu comme son Père.
Les paroles du Seigneur sont pourtant lumineuses et rassurantes pour nous qui voulons bien mettre notre foi en lui. Nous qui voulons être de ses brebis jusqu’à écouter sa voix, nous sachant connus de lui et voulant le suivre. Il nous dit qu’il nous donne la vie éternelle. Il nous assure que nous n’allons jamais périr, que personne ne nous arrachera de sa main. Quoi demander de plus réconfortant et de plus rassurant alors que nous vivons des situations souvent difficiles et troublantes, éprouvantes? Il nous est bon de nous savoir en cette relation privilégiée avec le Christ, d’être l’une des brebis dont il prend soin. Oui, nous pouvons nous laisser aimer, connaître et sauver par lui.
D’ailleurs ce qu’il nous dit va encore plus loin. Il nous révèle que c’est le Père qui préside ultimement à la mission de Pasteur et de Sauveur. Le Père nous aime de toute éternité et nous confie à son bien-aimé. Lui, le Père qui est plus grand que tout et qui domine tout, à la main de qui on ne peut absolument rien arracher.
N’est-ce pas dans ce cadre et cette perspective que se situent toutes les vocations et tous les ministères en Église? La mission de l’Église elle-même, la vocation de chacun et chacune de nous, les vocations particulières, les ministères ordonnés et les autres services dans les communautés, toutes ces fonctions pastorales s’enracinent et prennent leur source dans le cœur et la volonté bienveillante du Père. Tout cela pour nous dire que nous sommes entre bonnes mains et qu’il y a pour nous de quoi perdre toutes inquiétudes et appréhensions, si nous accueillons la parole de vérité et d’amour de Jésus. Rien ne pourra nous séparer de l’amour de notre Dieu et Père. Nous sommes héritiers d’une relation parentale et filiale toute-puissante! Nous avons raison de faire confiance. Nous avons pour nous la promesse divine d’une Vie heureuse et réussie malgré les épreuves et les difficultés inhérentes à la vie présente.