Jésus enseigne dans le Temple, lorsqu’on lui amène cette femme, surprise en train de commettre l’adultère. La faute est grave! Cette femme, il faut la dénoncer au nom de la Loi. En fidélité aux Écritures, il fallait aussi dénoncer son complice. Mais les accusateurs vont au plus vite, ils sont préoccupés de voir Jésus prendre parti devant tout le monde. Peu leur importe qu’ils soient eux-mêmes infidèles à la Loi, ils ne font que se servir de la Loi. L’enjeu est d’amener Jésus à contredire son enseignement ou à contredire la Loi. Lui, l’ami des pécheurs, il ne pourra pas s’esquiver. Il est coincé! Il doit condamner cette femme ou se condamner lui-même.
Que va dire Jésus? Que va-t-il faire? Devant le rapport accablant sur cette femme, Jésus marque d’abord un temps d’arrêt. Il fait silence. Il nous invite ainsi à la réflexion. En se penchant, il écrit sur le sol. Est-ce pour gagner du temps? C’est là un geste d’apaisement, d’abaissement et d’humilité, une marque de respect peut-être? Une réserve! Un repli qui évite la confrontation, créant une attente, un espace pour faire du neuf!
Puis vient la sentence : eux, sont-ils tous tellement purs et innocents qu’ils puissent se permettre de lapider cette femme? Sont-ils justifiés de mener quelqu’un à la mort alors qu’eux-mêmes ils ne sont pas sans reproche ni sans besoin de miséricorde? « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Silence et retrait de tout l’monde! On les imagine se retirant, discrètement, sur la pointe des pieds, les plus âgés d’abord. Plus âgés, avec un bilan personnel plus lourd peut-être? Ou parce qu’ils ont une expérience plus grande de la miséricorde divine à leur endroit?
Jésus, quant à lui, refuse de condamner. « Il n’est pas venu pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé. » Lui seul pourtant aurait eu le droit de faire justice. Il s’en abstient. « Moi non plus, je ne te condamne pas », prononce-t-il. Il refuse la violence. Il consent à donner une chance au pécheur. Il ne veut pas la mort, mais la vie du pécheur. Il ouvre ainsi à cette femme un espace de miséricorde, de pardon, de liberté. « Va, et désormais ne pèche plus. » Il y a pour elle un avenir. Il la convoque au meilleur d’elle-même pour une vie plus juste. « Ne vous souvenez plus d’autrefois, disait le Prophète Isaïe, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas? » Le Seigneur croit au changement. Il redonne espoir et il fait confiance.
Cette histoire nous entraîne personnellement dans le même sens : alors que nous sommes pécheurs et que le Seigneur pourrait nous condamner, il nous appelle bien plus à la conversion, à la réparation. S. Augustin le disait ainsi : détestons le mal et le vice, mais aimons le pécheur. L’aimer, non pas pour sa faute, mais pour lui-même, pour le sauver personnellement.
Le chrétien combat le mal, mais il donne au pécheur la chance de se relever et de mener une vie nouvelle. Cette vie nous est donnée dans le Christ, en qui nous avons la rémission, le pardon des péchés. Ce qui compte vraiment, nous dit S. Paul dans la 2e lecture, c’est de nous laisser saisir par le Christ. Notre seul avantage, c’est lui, en qui Dieu nous reconnaîtra comme justes. Il s’agit d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en nous sa mort, dans l’espoir de parvenir nous aussi à ressusciter d’entre les morts pour une vie éternelle avec Lui!