Avance au large!
Ce matin-là, ils étaient rentrés bredouilles. Ils allaient nettoyer les filets, ranger tout cela, puis aller dormir, en attendant le soir, dans l’espoir de plus chance la nuit prochaine. Mais les choses vont tourner autrement. Cet homme de Nazareth attire les gens. Il se cherche un lieu commode pour leur parler; qui soit à l’abri des pressions de la foule. Il saute dans la barque de Simon et il demande à ce dernier d’éloigner la barque juste assez pour que tous puissent l’entendre. Nos pêcheurs pourront profiter eux aussi de l’entretien qui s’annonce.
De quoi Jésus parle-t-il? Sans doute du Royaume des Cieux, comme il aime le faire, et de son Père. Il leur parle de bonheur et d’espérance, d’amour de Dieu et du prochain, de la Loi qu’il faut dépasser avec l’amour et l’humilité. Ce qu’il dit sonne à leurs oreilles comme une bonne nouvelle et leur donne envie d’être meilleurs, plus justes, plus fraternels.
Voilà maintenant que ce Maître, ayant achevé son discours, propose à Simon d’appareiller pour la pêche. Cette demande semble peu opportune à ce connaisseur. Mais notre n’a rien à perdre en jetant de nouveau les filets. Et puis Jésus lui inspire confiance. Si jamais cet homme pêche comme il prêche, ça pourrait valoir le coup de lui obéir. Simon et ses copains retournent donc au large.
Et nous savons la suite. La pêche déborde leur attente. Simon en est bouleversé. Il voit dans cette cueillette prodigieuse la signature de Dieu! Il en est bouleversé. Il n’est plus devant un maître, il est devant le Seigneur Dieu lui-même. “Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur”. “Ne crains pas,” lui dit Jésus. “désormais ce sont des hommes que tu prendras.”
Tout vient de basculer pour ces hommes. Ils viennent de vivre « la pêche du siècle ». Étrangement, ils décident de quitter ce métier qu’ils aiment pour suivre ce Jésus, convaincus que leur vraie vie ne fait que commencer. Suivre le Seigneur Jésus, ce sera bientôt pour eux assumer une part de sa mission d’amour, sa mission de pêche miraculeuse, son œuvre de Salut au cœur du monde.
Ce qui est arrivé à Simon Pierre et à ses compagnons est arrivé à bien d’autres témoins. Une expérience marquante a changé leur vie. Ainsi le prophète Isaïe dans la 1ère lecture. Devant la vision qu’il a de la sainteté de Dieu, il ressent une frayeur sacrée et un sentiment d’indignité. S. Paul, dans la 2ème lecture, évoque sa conversion, une rencontre soudaine, mystérieuse et toute lumineuse avec le Ressuscité. Le témoignage prophétique d’Isaïe nous impressionne toujours. Le ministère de Paul a contribué de façon décisive à mener l’Église des origines « en sortie » vers toutes les nations.
L’intervention divine se fait de bien des façons. Combien d’hommes et de femmes ont été approchés par Dieu dans leurs occupations, sur le terrain de leur quotidien. Ce fut pour eux un saisissement, une prise de conscience, un sentiment d’indignité, en présence d’un plus grand que soi. C’était l’appel pour une mission. C’était toujours pour aller finalement vers les autres.
Ce fut notre tour, à chacun / chacune de nous, à tel moment de notre vie. Rappelons-nous un événement, une rencontre une hésitation, un malheur apparent peut-être. C’était le Seigneur Dieu qui frappait à notre porte. Que s’est-il alors passé? C’est là notre secret… À chacun d’y revenir et de comprendre qu’alors Dieu nous était tout proche.
Oui, il passe et il passe, le Seigneur. Toujours il cherche à nous joindre. Il veut avoir besoin de nous. Ne lui disons pas que nous sommes fatigués, qu’il est trop tard ou trop tôt, ou qu’il aille vers quelqu’un d’autre. Aussi pauvres et démunis et indignes que nous soyons, le Seigneur compte sur nous pour porter avec lui une part de sa Mission universelle d’amour et de paix. Soyons